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mercredi 30 octobre 2024

témoignages : Sainte-Hélène en 1952 par Jacques-Yves Le Toumelin

Extrait de "Kurun, Autour du monde, 1949-1952" par Le Toumelin, Flammarion, 1953





7 avril 1952 - Pas d'étoiles pour faire un point crépusculaire, mais à quoi bon : je sais où je suis.

La nuit peu à peu se dépouille de ses ténèbres.

6 heures. Ciel couvert ; pluie ; grains. Sale temps pour atterrir !

6 h. 17.  « Terre ! » dis-je à voix haute. Un fin contour se dessine à peine, mais il n'y a pas à s'y tromper : c'est Sainte-Hélène, la tombée Est de l'île, que je relève immédiatement. Elle disparaît d'ailleurs aussitôt. Quelques minutes après, c'est la brève apparition de la tombée Ouest de la côte que je relève en toute hâte.

Puis c'est de nouveau le gris. Temps bouché. Visibilité quasi nulle.

La brise fraîchit. Pour une fois, l'alizé se décide à souffler un peu, au terme de l'étape ! Vitesse réduite, sous une seule trinquette, je cours vers la terre, pensant ne rétablir la grand-voile qu'à l'abri de l'île : j'aurai toute la journée pour gagner le mouillage.

De nombreuses bandes d'oiseaux, dont la plupart semblent s'intéresser à des bancs de poissons. Je vois le troisième poisson volant de la traversée.

10 h. 22. Île Sperry en vue, à petite distance. Cette petite île et les rocs qui l'entourent sortent seuls de la boucaille, à un demi mille de la grande île. Ces rochers déchiquetés, d'une sauvagerie magnifique, gardent le Sud de Sainte-Hélène.

10 h. 37. Pointe Ouest en vue, à petite distance. Malgré la proximité de la côte, seules m'apparaissent les extrémités de cet énorme bloc qui tombe brutalement dans la mer. Par ce temps bouché, ce décor est sinistre.

Bientôt la brise tombe presque complètement. Après avoir renvoyé la grand-voile, je double, à 11 h. 55, la pointe Ouest à trois encâblures environ.

À l'abri de l'île, je suis encalminé, mais le soleil vient alors révéler un paysage d'une note différente. Des cailloux tourmentés, de la lave ; des falaises abruptes qui vous dominent comme pour vous écraser. Aucune trace humaine.

Une très gracieuse petite mouette noire à la tête blanche[1] vient comme pour se poser à bord. Elle m'apporte le salut de l'île. La mer a repris une teinte bleue extraordinaire.

Le cotre avance à peine, sous quelques souffles changeants.

Bientôt, cependant, je distingue des touffes de verdure et quelques maisons en haut des vallées qui débouchent droit sur la mer.

Il faut louvoyer avec la brise debout. À 13 h.15, les maisons de Jamestown sont visibles. Sainte-Hélène est magnifique sous le soleil.

En guise de déjeuner, je croque une tablette de chocolat. Puis, après avoir tiré un grand bord, jusqu'à découvrir les deux pointes Nord de l'île, je vire à 16 h.10, estimant avoir James Bay à la bordée[2].

De loin, je vois venir au-devant de moi une embarcation à moteur ; c'est la vedette du gouvernement qui me propose la remorque, mais je décline son offre. Elle navigue alors bord à bord, ce qui me permet de converser. Je vais pouvoir utiliser un coffre d’amarrage ; je m'en réjouis, car mouiller par une grande profondeur est toujours ennuyeux pour un petit bateau.

À 17 h.50, l'équipage de la vedette m'amarre sur deux corps morts, à une demi-encâblure de l'escalier de débarquement de la baie James.

Vingt-deux jours de mer. C'est bien long pour mille sept cents milles de route, mais la bonne arrivée est l'essentiel.

Comme je ferlais ma grand-voile, arriva le vice-consul de France et seul Français de l'île, M. Peugeot. On lui avait câblé du Cap mon départ et la date probable de mon arrivée. Comme il avait escompté une traversée de quinze à dix-sept jours, il s'inquiétait aimablement, et d'autant plus qu'un paquebot, qui était passé quelques jours auparavant venant du Cap, n'avait pas vu le Kurun. Dès que mon arrivée lui avait été signalée, il était donc accouru, sans perdre un instant.

Le lendemain matin, par un très beau temps, il vint me chercher en voiture pour visiter l'île. J'étais en train de me baigner dans une eau claire et calme, d'une agréable température, et ce fut à la nage que je pris mon premier contact avec Sainte-Hélène.

James Bay est une baie ouverte, sans abri - ce que les marins appellent une rade foraine. Seule sa position sous le vent de l'île la protège de l'alizé de Suet. Mais la régularité du régime des vents ne confère pas à ce mouillage une sécurité absolue ; et quand la grosse houle provoquée par les tempêtes dans le Sud vient battre en côte, elle crée - tout comme à l'île Ascension, sa voisine - ces dangereux « rollers » (rouleaux) qui peuvent interdire tout débarquement. Un navire, en raison de cette éventualité, doit mouiller suffisamment loin de la côte, en eau profonde.

Ces « rollers », quoique peu fréquents, ont causé des pertes. Aussi faut-il s'en méfier.

Vue du large, Sainte-Hélène est un bloc de pierre élevé qui tombe à pic dans la mer. Pas une baie hospitalière. Aucune plage.

Rien. Une âpre sauvagerie. Un lieu de déportation idéal. Pour le débarquement, James Bay n'est pas tellement plus accueillant.

La falaise abrupte, qui domine de haut la mer, écrase l'homme.

Le débarquement se fait sur le roc ; il est plus ou moins difficile, car il y a toujours du ressac. Avec ma prame, je profitais de l'amplitude maximum de la houle pour sauter à terre, tirant mon embarcation au sec à la lame suivante.

Je me représentais l'arrivée de !'Empereur à bord du Northumberland, le 16 octobre 1815. Le cadre était identique : les mêmes rocs, la même houle, avec l'hostilité et la curiosité des hommes en plus. Le grand captif avait voulu débarquer de nuit, mais tous les habitants l'attendaient avec des lanternes !

Jamestown est la seule agglomération de l'île, et la majorité de la population s'y trouve concentrée. Avec son clocher à la pointe effilée, on dirait un paisible bourg de province ; rien de « colonial ». Sa situation est assez pittoresque, car il s'étire dans le creux d'une vallée aux flancs rocailleux parsemés de cactus. Une porte, que l'on fermait autrefois, donne accès à la baie.

Le vieux « Castle » gardé symboliquement au milieu des fleurs, par ses canons anciens, revêt aujourd'hui un aspect aimable.

Sainte-Hélène est toute petite, puisqu'elle n'a que dix-sept kilomètres dans sa plus grande dimension. Quand elle fut découverte, le 21 mai 1502, par le navigateur portugais Juan de Nova Castella, qui lui donna le nom de la sainte impératrice Hélène, mère de Constantin, elle était inhabitée. Elle fut donc, dès ses débuts, une île impériale.

Après les Portugais, puis les Hollandais, les Anglais jetèrent leur dévolu sur cette île, qui devint la propriété de la Compagnie des Indes. Cette dernière la remit au gouvernement anglais lors de l'internement de !'Empereur, mais en redevint propriétaire à la mort de Napoléon. Enfin, le 21 avril 1834, l'île fut cédée définitivement à l'Angleterre, dont elle resta colonie.

Avant le percement du canal de Suez, Sainte-Hélène était assez fréquentée. Actuellement elle ne reçoit que deux fois par mois la visite des paquebots de la série Castle, qui relient l'Angleterre au Cap et inversement.

Si, vue du large, elle apparaît comme un roc sauvage, cette impression se modifie radicalement lorsqu'on pénètre dans l'intérieur, dès les premières crêtes passées, et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, Sainte-Hélène est une île magnifique.

Si l'on gravit « Ladder Hill »[3], qui surplombe le village, on trouve un paysage sec, de rocailles et de cactus, qui fait penser aux Galapagos. Mais, en continuant la route vers l'intérieur, on se demande si une fée n'a pas changé le cadre d'un coup de baguette magique : subitement, c'est une campagne verte et boisée, calme et fort belle : de l'herbe, des champs, des ajoncs, de très beaux arbres, des bois de sapins. Un paysage qui, du reste, n'a rien de tropical. C'est une aimable campagne avec des vaches et des moutons. On oublie complètement que l'on est en plein Atlantique et sous les tropiques ...

L'intérieur est très accidenté. Dominées par le pic de Diane, ce ne sont que crêtes et vallées verdoyantes, si bien qu'au premier abord l'île paraît beaucoup plus grande qu'elle n'est.

La grande richesse de Sainte-Hélène est le flax. Cette espèce de lin (Phormium tenax) y fut importé de Nouvelle-Zélande en 1867. On en voit des champs entiers qui miroitent sous le soleil, pailletés d'argent et souvent les pittoresques routes en sont bordées.

Ce flax alimente une industrie spéciale : on compte huit « flax Mills »[4] dans l'île. On dit que les propriétaires des flax Mills achètent le flax aux indigènes au-dessous du tarif officiel ; mais les Saint-Hélénais (sic) sont si braves, si doux, qu'ils n'émettent pas d'objection. Ils sont, d'ailleurs, parfaitement heureux ainsi, ce qui est bien le principal.

Outre le flax, l'ile exporte des bulbes de lis et quelques dentelles, vendues principalement aux touristes.

La population de Sainte-Hélène résulte d'apports très divers : esclaves noirs, coolies chinois, Malais, Hindous - tout cela mêlé au sang blanc des navigateurs ou des soldats qui tinrent garnison dans l'ile. On y observe donc une grande variété de couleurs de peau. Les Saint-Hélénais sont simples et serviables : de braves gens qui mènent une vie paisible. Le métissage a parfois d'heureux résultats : on y rencontre quelques très jolies filles.

Le nombre des habitants qui avait décru régulièrement de 1856 à 1936 est de nouveau en progression. En 1947 le recensement indiquait 4.748 habitants ; l'année précédente donna 136 naissances pour 53 décès. Le nombre des enfants, en effet, m'a frappé. Les écoliers forment le quart de la population.

M. Peugeot fut pendant cette escale le guide le plus obligeant comme le plus avisé. Naturellement il habitait Longwood, et l'habitude que je pris de venir l'y voir me familiarisa vite avec ces lieux historiques.

Longwood[5] est situé sur un plateau à la maigre végétation, exposé à la vue des alentours. Une longue allée rectiligne bordée d'arbres conduit à une simple barrière de bois surmontée d'un panneau sur lequel on lit : « French Domain. - Closed to Public until further notice[6] ».

Le jardin traversé, voici la maison de l’Empereur. On imagine difficilement tout d'abord que Napoléon ait vécu là et qu'il y soit mort. Comme l'a dit Octave Aubry, « la maison de Napoléon est une demeure de campagne, bonne au plus pour un notaire retraité ».

Le lieu est calme, l'air pur. On songe à ce qu'ont pu être les années de captivité du grand homme d'action.

On l'éprouve davantage encore en arpentant le jardin, qui n'a pas changé, dont il avait fait creuser les allées pour échapper ainsi pendant ses promenades au regard des espions qui, cachés derrière les haies, ne pouvaient même plus apercevoir le légendaire petit chapeau à cornes.

Est-ee pour effacer tout souvenir qu'après la mort de Napoléon, Longwood fut converti en étable ? Mais en 1858, la reine Victoria en fit don (sic) à Napoléon III et la même année l'Empereur envoya à Sainte-Hélène le chef d'escadron Gauthier de Rougemont prendre possession des biens français. Il y resta jusqu'en 1867. Depuis cette date, la France a toujours eu, à part quelques courtes interruptions, un représentant dans l'île. C'est aujourd'hui M. Peugeot, arrivé en 1945 pour succéder à M. Colin qui s'y trouvait depuis 1919.

Quand je visitai la demeure de Longwood, elle était vide, privée de ses planchers, détruits par les termites. La chambre de !'Empereur et son cabinet de travail - ensemble qu'il appelait ironiquement son « intérieur » m'apparurent fort exigus.

Notre vice-consul avait à cœur de mener à bien la tâche de restaurer la maison et de reconstituer son décor pour en faire un musée. Mais les crédits qu'on lui avait alloués - réduits encore par les dévaluations - étaient insuffisants.

Sur l'arrière de la maison de l’Empereur se trouvent plusieurs bâtiments. L'un d'eux, où le général de Montholon avait établi ses appartements, a été remis en état en 1934, grâce aux dons de la Société des Amis de Sainte-Hélène. Actuellement il sert de résidence à notre vice-consul.

Pendant sa captivité, !'Empereur faisait parfois des promenades à cheval et il avait exprimé le désir d'être enseveli dans un lieu qu'il affectionnait particulièrement, le vallon du Géranium, au fond du « Devil's Punch Bowl »[7].

On accède à ce vallon par un charmant sentier qui traverse un bois de sapins dont le silence n'est troublé que par le roucoulement des tourterelles.

Au fond du vallon, une grille en fer forgé entoure une énorme pierre rectangulaire nue. Aucune inscription. Le général de Montholon avait demandé que le nom de Napoléon y fût gravé. Mais Hudson Lowe ayant exigé qu'on y ajoutât Bonaparte, les Français préférèrent laisser la pierre anonyme.

La tombe est dominée par deux énormes pins de Norfolk plus vieux qu'elle. À côté, se dresse un olivier planté par le prince de Galles, ainsi qu'un autre arbre planté, avant la guerre, par l'état-major du croiseur-école français Jeanne d’Arc.

À quelques mètres de la tombe coule le filet clair d'une source qui ne tarit jamais, comme le véritable souvenir.

Une guérite rappelle qu'avant que la dépouille ne soit ramenée en France, un factionnaire en armes veillait la nuit et le jour.

Comme Longwood, le lieu où se trouve la tombe est possession française depuis le 7 mai 1858.

Lors du passage du Kurun le gouverneur de l'île était souffrant, mais il envoya son aide de camp me dire qu'il serait heureux de me recevoir.

Un matin donc, une rutilante voiture noire, aux portières ornées de blanches armoiries, vint me prendre au débarcadère.

Je fus heureux de cette occasion de visiter Plantation House, la résidence pleine de souvenirs historiques.

Un laquais en livrée m'introduisit dans la vieille demeure, où j'inscrivis mon nom à côté de celui du cotre dans un énorme livre d'or.

Le gouverneur, Sir George Andrew Joy, m'accueillit très cordialement et dans un français impeccable : il avait fait une partie de ses études à Bruges et séjourné quelque quatorze ans aux Nouvelles-Hébrides.

Plantation House, autrefois propriété de la Compagnie des Indes, n'a pas changé depuis la captivité de l'Empereur. C'est une belle et vaste demeure qui contraste singulièrement avec la « maison de notaire » de Longwood. La construction claire, richement meublée, à. un seul étage, est située au milieu d'un immense parc, bien entretenu, entouré de bois. Dans son silence on évoque le petit gouverneur aux cheveux roux, Sir Hudson Lowe, ce triste geôlier dont les Anglais eux-mêmes ont dit qu'il n'était pas un gentleman. Son grand prisonnier lui donna bien du souci... On songe au Corse Santini, huissier de !'Empereur, adroit chasseur qui explora un certain temps les abords de Longwood dans l'espoir de trouver le gouverneur au bout de son fusil ! On évoque les expéditions comme celles du flibustier Lafitte qui furent envisagées pour délivrer le célèbre captif.

Dans le paisible parc de Plantation House vit un personnage qui a connu Napoléon et Lowe, puisqu'il était âgé d'environ deux cent quarante ans lors du passage du Kurun. Ce personnage historique est Jonathan, une tortue géante originaire des iles Galapagos. Dans la fleur de son âge, Jonathan avait une compagne, mais elle est décédée... depuis un siècle. Malgré ce siècle de veuvage, il n'a pas oublié son épouse et, chaque année, à la période des amours, il se lance dans une longue expédition, à la recherche de la défunte. Rien ne peut l'arrêter. Si les humains étaient aussi fidèles ...

Le 17 avril 1952 - grand événement dans l'ile - arriva d’Angleterre, à destination du Cap, le Llandovery Castle. Les navires mouillent assez loin du rivage et c'est un va-et-vient pittoresque d'embarcations pour le débarquement des passagers et des marchandises.

Pour ces dernières, on utilise de petites barges que l'on décharge, malgré la houle, au moyen de grues.

Sainte-Hélène est avant tout l'île de Napoléon et, de ce fait, elle possède un attrait touristique considérable ; presque tous les passagers sont intéressés par la visite de Longwood et de la Tombe. C'est une source de revenus pour les habitants.

Un jour, je rencontrai un vieux Boer perdu lui aussi sur cette île. Autrefois interné, ce brave homme semblait avoir oublié ces mauvais jours. Il me rappela qu'après la guerre des Boers, plusieurs camps de ses compatriotes déportés avaient été établis sur cette terre de captivité. Les camps se transformèrent en cimetière, et il en restait le seul survivant.

L'île compte environ cinq douzaines d’Européens presque tous fonctionnaires.

On y mène une vie de province caractéristique avec ses potins et, parfois, ses petites intrigues. Veut-on téléphoner ? Il n'est pas nécessaire de préciser le numéro de l'abonné ni de s'enquérir s'il est à son domicile. La poste, bien renseignée – les allées et venues de chacun ne passant pas inaperçues – sait parfaitement où se trouve M. X. ou Mme Y. et elle prend l'initiative de les appeler où ils sont ! Voilà une organisation bien pratique.

Il n'y a pas de facteur à Sainte-Hélène. Si l'on veut son courrier, il faut aller le retirer soi-même à la poste.

Pour son histoire légendaire, la beauté de ses paysages et l'affabilité de ses habitants, j'ai vivement apprécié Sainte-Hélène.

J'ai souvent gravi les six cent quatre-vingt-dix-neuf marches de l'échelle de Jacob qui conduit presque verticalement au vieux fort de Ladder Hill, transformé en école, et où commence le domaine les cactus épineux aux fruits écarlates.

J'aimais bavarder avec tous les gens, avec les nombreux enfants à la mine éveillée. Souvent, garçons et filles venaient à la nage jusqu'au cotre ; le pont et le gréement se garnissaient alors de ces jeunes visiteurs.

Les bateaux de Sainte-Hélène sont de modestes embarcations, pour la plupart des baleinières, propulsées à l'aviron ; mais les insulaires sont des « nageurs » de premier ordre et j'aimais les regarder manier harmonieusement leurs longs avirons. Toute la côte abonde en beaux poissons et la pêche, même pratiquée avec des moyens simples, y est fructueuse.

19 avril. - Une dernière fois, je déjeune à Longwood. M Peugeot me reconduisit à l'embarcadère dans sa « Vauxhall » dernier modèle.

Des enfants, des hommes, aux visages devenus familiers me font des gestes d'adieu. J'embarque à bord du cotre qui roule honnêtement, comme il en a pris l'habitude depuis son arrivée sur cette rade ouverte.

L'appareillage est assez délicat à cause des nombreuses embarcations qui m'entourent. Après avoir établi la voilure, je dois l'éviter, vent arrière.

À 16 h.10 j'appareille et pare de justesse le petit yacht à moteur Yellowfin. Il s'en faut de peu que mon gui ne lui arrache son joli petit mâtereau ...

La brise se fait au fur et à mesure que je m'éloigne de terre et bientôt les dernières silhouettes des hommes ne sont plus perceptibles.



[1] Je n'en avais jamais vu de cette espèce, mais devais en voir des quantités à Sainte-Hélène.

[2] Au point de vue rapidité, j'aurais eu un gros avantage à contourner l'île par l'Est.

[3] La colline de l’échelle.

[4] « Moulins à lin »

[5] A environ neuf km de Jamestown.

[6] Domaine français. Fermé au public jusqu'à avis ultérieur.

[7] Bol à punch du Diable.




 

mardi 29 octobre 2024

Escale Abercrombie & Kent

     Ce soir, nous avons accueilli le pionnier des voyages de luxe Geoffrey Kent à la Maison de Longwood. Il était accompagné par une cinquantaine de voyageurs qui ont étaient reçus à Longwood, dans l'espace De Pauw aux appartements de la famille de Montholon où un diner leur a été servi.

    Cette escale à Sainte-Hélène s’est faite dans le cadre d’un périple en jet privé autour du monde que le voyagiste de luxe a conçu autour d'un éventail de destinations fascinantes, dont certaines, comme Sainte-Hélène, qu'il a visité pour la première fois. 



Après une visite guidée des appartements de l'Empereur, un diner a été servi pour cinquante personnes dans l'espace De Pauw situé dans les appartements dits "des généraux"


samedi 26 octobre 2024

Conservateurs des domaines français à Sainte-Hélène #1957-1987 _ Gilbert Martineau #2 - 1963 - escale de la "Jeanne d'Arc" - décembre 1963

 Voici, en photographies, le récit de la visite de la "Jeanne d'Arc" - décembre 1963



L'escale avait commencé par lisite officielle à bord de Sir John Field, Gouverneur - Capitaine de Vaisseau Postec, Commandant de la "Jeanne d'Arc"

 

Cérémonie à la Tombe

 



Pour se rendre à la cérémonie qui s’est tenue à la Tombe, l’équipage a marché de Jamestown soit huit kilomètres en montée ! … ici, ci-dessous, sur le chemin du retour.



Et pour ceux qui le souhaitaient, et qui avaient encore l'énergie, grimper en courant les 699 marches de l’échelle de Jacob.


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L'escale fut aussi l'occasion de la remise de la Légion d'honneur au C.F. Carsin du "Victor Schoelcher"

 



jeudi 24 octobre 2024

Conservateurs des domaines français à Sainte-Hélène #1957-1987 _ Gilbert Martineau #1 - 1958

 En restaurant le Pavillon des Briars et en le rouvrant au public, nous avons créé un nouvel espace d'exposition.

Gilbert Martineau, lieutenant de marine

Pour rendre hommage à Gilbert Martineau, le conservateur qui, dès son arrivée en 1957, a convaincu Mabel Brooks, petite-nièce de Betsy Balcombe, de faire don du Pavillon à la France (le terrain environnant ne sera, lui, rattaché à la propriété française qu’au début des années 2000), nous avons organisé une exposition de photographies retraçant son administration des domaines nationaux, de 1957 à 1987.



Trois photographies de Gilbert devant les appartements de fonctions du conservateur à Longwood durant les années 1970



Gilbert, Roger Martineau est né le 26 juillet 1918 à Rochefort-sur-mer. Il est mort à La Rochelle le 23 août 1995. Il était à Londres en 1939 lors de la déclaration de guerre. En 1940, il rejoint la France libre. En Angleterre, il servira à bord d’un sous-marin anglais puis comme interprète. En 1943, il est envoyé en Mauritanie, à la base navale de Port-Etienne (aujourd’hui Nouadhibou). Il terminera la guerre comme enseigne de vaisseau. En 1945, il demande sa mise en disponibilité. Directeur de publication aux Éditions Nagel de 1949 à 1953, il fréquente les salons parisiens notamment celui de Rosemonde Gérard et de son fils Maurice Rostand, il est l’ami de Serge Lifar, redevenu en 1947 maître de ballet à l’Opéra de Paris[1], il côtoie aussi Jean-Paul Sartre, Jean Cocteau, le Prince Félix Youssoupoff. Rappelé sous les drapeaux, de 1954 à 1955, il sert de nouveau dans la Marine Nationale à la base aéronavale d’Aspretto, en Corse, en qualité de « chef des services généraux et opérations ».

Il arrive à Sainte-Hélène en 1957.

 

Jean-Paul Kauffmann[2] a brossé un portrait de l’homme qui est devenu, en 1986, mon père adoptif. Il m’a même appris certains épisodes de sa carrière que j’ignorais.




Gilbert, un an avant sa mort en 1995







[1] Serge Lifar était à partir de 1947 (et jusqu’en 1958) Premier danseur étoile, chorégraphe, maître de ballet et professeur au Théâtre national de l’Opéra. Fondateur et directeur de l’Institut chorégraphique de l’Opéra : professeur-conférencier.

[2] Jean-Paul Kauffmann, La chambre noire de Longwood, La Table Ronde, Paris, 1997




Le Pavillon des Briars © Bob Johnson, 1961

 En guise d’introduction, l'exposition présente des photos du Groupe "Jeanne d'Arc", prises pendant la période où Gilbert Martineau était en poste à Sainte-Hélène, en tant qu’officier de réserve de la Marine nationale.

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Pour commencer, Visite de la "Jeanne d'Arc" et du "La Grandière" - Janvier 1958 - G. Lewis, Gouverneur C.V. DARTIGUE, Commandant




visite protocolaire du Gouverneur à bord du bâtiment dans la rade de Jamestown


Une cérémonie avait été organisée autour de la Tombe, 1958












Visite de la Maison de Longwood

Visite de Longwood, 1958





Service religieux à Jamestown


mercredi 23 octobre 2024

Le cottage de l'esclave Toby - Journal d'une restauration #05

    Après une interruption de plus de six mois en raison de l'indisponibilité de l'entreprise chargée de l'exécution du projet, les travaux ont repris il y a un mois. Les maçons locaux ont maintenant dépassé le niveau des linteaux des portes et fenêtres.

    La façade a désormais atteint la hauteur finale du mur.

    Voici, en photographies des derniers travaux. (présentées des plus récentes aux plus anciennes)








 

Sainte-Hélène vue par André Hambourg

 En poursuivant l’inventaire de ma bibliothèque commencé il y a quelques années déjà, nous sommes tombés sur la dédicace du célébrissime peintre André Hambourg qui a parrainé une exposition personnelle de mes peintures à la Mairie du 16ème arrondissement de la Ville de Paris en 1997.  Il était venu à Sainte-Hélène à bord du “Jeanne”.




Sa vision de Sainte-Hélène lui ressemble tant : tout en simplicité.

mardi 15 octobre 2024

Travaux d'entretien très lourds au Pavillon des Briars

 Depuis le mois de mai, nous avons entrepris une rénovation complète des peintures et la réparation de toutes les boiseries du Pavillon des Briars. Cette maison perchée exige de nombreuses opérations d'échafaudage et autres structures. Ces travaux dureront jusqu'à la fin du mois de décembre de cette année 2024.



En 2014, nous avions reconstruit le grenier où Las Cases et son fils avaient séjourné du 18 octobre au 10 décembre 1815.