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vendredi 13 décembre 2024

Une équipe de la Direction des immeubles et de la logistique (DIL) a visité "Notre musée du bout du Monde"

 "Notre musée du bout du Monde" par Stéphanie Celle


Une mission de la Direction des immeubles et de la logistique (DIL) du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères s'est déroulée du 30 novembre au 8 décembre 2024 à Sainte-Hélène où le MEAE à la charge de la conservation et valorisation des Domaines nationaux de Sainte-Hélène depuis 1857. 

Maison de Longwood


Ces lieux de mémoire des dernières années de Napoléon sont le pavillon des Briars, la maison de Longwood et le tombeau avant le transfert des Cendres.

La dernière mission de la DIL date de 2001 et il était nécessaire de faire un point général en appui des actions de Michel Dancoisne-Martineau, directeur et conservateur des Domaines, consul honoraire de France à Sainte-Hélène.

La mission avec toute l'équipe

Jehanne Lazaj, cheffe du bureau du patrimoine et de la décoration, Anaïs Silvain, régisseuse des œuvres d'art et Stéphanie Celle, cheffe du secteur étranger 2 avaient pour objectifs principaux d'étudier les conditions de la restauration de la toiture de la maison de l'Empereur, de réaliser un bilan sanitaire des collections et de proposer une muséographie sécurisant mieux les œuvres et objets témoins de la vie de Napoléon.

Les échanges avec les 8 membres de l'équipe du site leur ont permis de mieux saisir les "incontournables" de l'ile : humidité constante, exposition aux forts vents Sud-Est, lutte permanente contre les nuisibles notamment les termites, rareté des ressources matérielles, complexité opérationnelle...

La Chambre à coucher de l'Empereur

A la suite des observations et relevés ainsi que des échanges avec des institutions et professionnels locaux, des propositions seront formulées pour renouveler le parcours de visite et améliorer les conditions de conservation de ce patrimoine unique.

Stéphanie Celle : "La mission à Sainte Hélène a permis de toucher du doigt la singularité de ce contexte insulaire et de revenir avec une connaissance partagée des sites et des acteurs. Des propositions sont à mettre sur pied à présent !"

L'équipe de la DIL avec le conservateur sur place




mercredi 30 octobre 2024

témoignages : Sainte-Hélène en 1952 par Jacques-Yves Le Toumelin

Extrait de "Kurun, Autour du monde, 1949-1952" par Le Toumelin, Flammarion, 1953





7 avril 1952 - Pas d'étoiles pour faire un point crépusculaire, mais à quoi bon : je sais où je suis.

La nuit peu à peu se dépouille de ses ténèbres.

6 heures. Ciel couvert ; pluie ; grains. Sale temps pour atterrir !

6 h. 17.  « Terre ! » dis-je à voix haute. Un fin contour se dessine à peine, mais il n'y a pas à s'y tromper : c'est Sainte-Hélène, la tombée Est de l'île, que je relève immédiatement. Elle disparaît d'ailleurs aussitôt. Quelques minutes après, c'est la brève apparition de la tombée Ouest de la côte que je relève en toute hâte.

Puis c'est de nouveau le gris. Temps bouché. Visibilité quasi nulle.

La brise fraîchit. Pour une fois, l'alizé se décide à souffler un peu, au terme de l'étape ! Vitesse réduite, sous une seule trinquette, je cours vers la terre, pensant ne rétablir la grand-voile qu'à l'abri de l'île : j'aurai toute la journée pour gagner le mouillage.

De nombreuses bandes d'oiseaux, dont la plupart semblent s'intéresser à des bancs de poissons. Je vois le troisième poisson volant de la traversée.

10 h. 22. Île Sperry en vue, à petite distance. Cette petite île et les rocs qui l'entourent sortent seuls de la boucaille, à un demi mille de la grande île. Ces rochers déchiquetés, d'une sauvagerie magnifique, gardent le Sud de Sainte-Hélène.

10 h. 37. Pointe Ouest en vue, à petite distance. Malgré la proximité de la côte, seules m'apparaissent les extrémités de cet énorme bloc qui tombe brutalement dans la mer. Par ce temps bouché, ce décor est sinistre.

Bientôt la brise tombe presque complètement. Après avoir renvoyé la grand-voile, je double, à 11 h. 55, la pointe Ouest à trois encâblures environ.

À l'abri de l'île, je suis encalminé, mais le soleil vient alors révéler un paysage d'une note différente. Des cailloux tourmentés, de la lave ; des falaises abruptes qui vous dominent comme pour vous écraser. Aucune trace humaine.

Une très gracieuse petite mouette noire à la tête blanche[1] vient comme pour se poser à bord. Elle m'apporte le salut de l'île. La mer a repris une teinte bleue extraordinaire.

Le cotre avance à peine, sous quelques souffles changeants.

Bientôt, cependant, je distingue des touffes de verdure et quelques maisons en haut des vallées qui débouchent droit sur la mer.

Il faut louvoyer avec la brise debout. À 13 h.15, les maisons de Jamestown sont visibles. Sainte-Hélène est magnifique sous le soleil.

En guise de déjeuner, je croque une tablette de chocolat. Puis, après avoir tiré un grand bord, jusqu'à découvrir les deux pointes Nord de l'île, je vire à 16 h.10, estimant avoir James Bay à la bordée[2].

De loin, je vois venir au-devant de moi une embarcation à moteur ; c'est la vedette du gouvernement qui me propose la remorque, mais je décline son offre. Elle navigue alors bord à bord, ce qui me permet de converser. Je vais pouvoir utiliser un coffre d’amarrage ; je m'en réjouis, car mouiller par une grande profondeur est toujours ennuyeux pour un petit bateau.

À 17 h.50, l'équipage de la vedette m'amarre sur deux corps morts, à une demi-encâblure de l'escalier de débarquement de la baie James.

Vingt-deux jours de mer. C'est bien long pour mille sept cents milles de route, mais la bonne arrivée est l'essentiel.

Comme je ferlais ma grand-voile, arriva le vice-consul de France et seul Français de l'île, M. Peugeot. On lui avait câblé du Cap mon départ et la date probable de mon arrivée. Comme il avait escompté une traversée de quinze à dix-sept jours, il s'inquiétait aimablement, et d'autant plus qu'un paquebot, qui était passé quelques jours auparavant venant du Cap, n'avait pas vu le Kurun. Dès que mon arrivée lui avait été signalée, il était donc accouru, sans perdre un instant.

Le lendemain matin, par un très beau temps, il vint me chercher en voiture pour visiter l'île. J'étais en train de me baigner dans une eau claire et calme, d'une agréable température, et ce fut à la nage que je pris mon premier contact avec Sainte-Hélène.

James Bay est une baie ouverte, sans abri - ce que les marins appellent une rade foraine. Seule sa position sous le vent de l'île la protège de l'alizé de Suet. Mais la régularité du régime des vents ne confère pas à ce mouillage une sécurité absolue ; et quand la grosse houle provoquée par les tempêtes dans le Sud vient battre en côte, elle crée - tout comme à l'île Ascension, sa voisine - ces dangereux « rollers » (rouleaux) qui peuvent interdire tout débarquement. Un navire, en raison de cette éventualité, doit mouiller suffisamment loin de la côte, en eau profonde.

Ces « rollers », quoique peu fréquents, ont causé des pertes. Aussi faut-il s'en méfier.

Vue du large, Sainte-Hélène est un bloc de pierre élevé qui tombe à pic dans la mer. Pas une baie hospitalière. Aucune plage.

Rien. Une âpre sauvagerie. Un lieu de déportation idéal. Pour le débarquement, James Bay n'est pas tellement plus accueillant.

La falaise abrupte, qui domine de haut la mer, écrase l'homme.

Le débarquement se fait sur le roc ; il est plus ou moins difficile, car il y a toujours du ressac. Avec ma prame, je profitais de l'amplitude maximum de la houle pour sauter à terre, tirant mon embarcation au sec à la lame suivante.

Je me représentais l'arrivée de !'Empereur à bord du Northumberland, le 16 octobre 1815. Le cadre était identique : les mêmes rocs, la même houle, avec l'hostilité et la curiosité des hommes en plus. Le grand captif avait voulu débarquer de nuit, mais tous les habitants l'attendaient avec des lanternes !

Jamestown est la seule agglomération de l'île, et la majorité de la population s'y trouve concentrée. Avec son clocher à la pointe effilée, on dirait un paisible bourg de province ; rien de « colonial ». Sa situation est assez pittoresque, car il s'étire dans le creux d'une vallée aux flancs rocailleux parsemés de cactus. Une porte, que l'on fermait autrefois, donne accès à la baie.

Le vieux « Castle » gardé symboliquement au milieu des fleurs, par ses canons anciens, revêt aujourd'hui un aspect aimable.

Sainte-Hélène est toute petite, puisqu'elle n'a que dix-sept kilomètres dans sa plus grande dimension. Quand elle fut découverte, le 21 mai 1502, par le navigateur portugais Juan de Nova Castella, qui lui donna le nom de la sainte impératrice Hélène, mère de Constantin, elle était inhabitée. Elle fut donc, dès ses débuts, une île impériale.

Après les Portugais, puis les Hollandais, les Anglais jetèrent leur dévolu sur cette île, qui devint la propriété de la Compagnie des Indes. Cette dernière la remit au gouvernement anglais lors de l'internement de !'Empereur, mais en redevint propriétaire à la mort de Napoléon. Enfin, le 21 avril 1834, l'île fut cédée définitivement à l'Angleterre, dont elle resta colonie.

Avant le percement du canal de Suez, Sainte-Hélène était assez fréquentée. Actuellement elle ne reçoit que deux fois par mois la visite des paquebots de la série Castle, qui relient l'Angleterre au Cap et inversement.

Si, vue du large, elle apparaît comme un roc sauvage, cette impression se modifie radicalement lorsqu'on pénètre dans l'intérieur, dès les premières crêtes passées, et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, Sainte-Hélène est une île magnifique.

Si l'on gravit « Ladder Hill »[3], qui surplombe le village, on trouve un paysage sec, de rocailles et de cactus, qui fait penser aux Galapagos. Mais, en continuant la route vers l'intérieur, on se demande si une fée n'a pas changé le cadre d'un coup de baguette magique : subitement, c'est une campagne verte et boisée, calme et fort belle : de l'herbe, des champs, des ajoncs, de très beaux arbres, des bois de sapins. Un paysage qui, du reste, n'a rien de tropical. C'est une aimable campagne avec des vaches et des moutons. On oublie complètement que l'on est en plein Atlantique et sous les tropiques ...

L'intérieur est très accidenté. Dominées par le pic de Diane, ce ne sont que crêtes et vallées verdoyantes, si bien qu'au premier abord l'île paraît beaucoup plus grande qu'elle n'est.

La grande richesse de Sainte-Hélène est le flax. Cette espèce de lin (Phormium tenax) y fut importé de Nouvelle-Zélande en 1867. On en voit des champs entiers qui miroitent sous le soleil, pailletés d'argent et souvent les pittoresques routes en sont bordées.

Ce flax alimente une industrie spéciale : on compte huit « flax Mills »[4] dans l'île. On dit que les propriétaires des flax Mills achètent le flax aux indigènes au-dessous du tarif officiel ; mais les Saint-Hélénais (sic) sont si braves, si doux, qu'ils n'émettent pas d'objection. Ils sont, d'ailleurs, parfaitement heureux ainsi, ce qui est bien le principal.

Outre le flax, l'ile exporte des bulbes de lis et quelques dentelles, vendues principalement aux touristes.

La population de Sainte-Hélène résulte d'apports très divers : esclaves noirs, coolies chinois, Malais, Hindous - tout cela mêlé au sang blanc des navigateurs ou des soldats qui tinrent garnison dans l'ile. On y observe donc une grande variété de couleurs de peau. Les Saint-Hélénais sont simples et serviables : de braves gens qui mènent une vie paisible. Le métissage a parfois d'heureux résultats : on y rencontre quelques très jolies filles.

Le nombre des habitants qui avait décru régulièrement de 1856 à 1936 est de nouveau en progression. En 1947 le recensement indiquait 4.748 habitants ; l'année précédente donna 136 naissances pour 53 décès. Le nombre des enfants, en effet, m'a frappé. Les écoliers forment le quart de la population.

M. Peugeot fut pendant cette escale le guide le plus obligeant comme le plus avisé. Naturellement il habitait Longwood, et l'habitude que je pris de venir l'y voir me familiarisa vite avec ces lieux historiques.

Longwood[5] est situé sur un plateau à la maigre végétation, exposé à la vue des alentours. Une longue allée rectiligne bordée d'arbres conduit à une simple barrière de bois surmontée d'un panneau sur lequel on lit : « French Domain. - Closed to Public until further notice[6] ».

Le jardin traversé, voici la maison de l’Empereur. On imagine difficilement tout d'abord que Napoléon ait vécu là et qu'il y soit mort. Comme l'a dit Octave Aubry, « la maison de Napoléon est une demeure de campagne, bonne au plus pour un notaire retraité ».

Le lieu est calme, l'air pur. On songe à ce qu'ont pu être les années de captivité du grand homme d'action.

On l'éprouve davantage encore en arpentant le jardin, qui n'a pas changé, dont il avait fait creuser les allées pour échapper ainsi pendant ses promenades au regard des espions qui, cachés derrière les haies, ne pouvaient même plus apercevoir le légendaire petit chapeau à cornes.

Est-ee pour effacer tout souvenir qu'après la mort de Napoléon, Longwood fut converti en étable ? Mais en 1858, la reine Victoria en fit don (sic) à Napoléon III et la même année l'Empereur envoya à Sainte-Hélène le chef d'escadron Gauthier de Rougemont prendre possession des biens français. Il y resta jusqu'en 1867. Depuis cette date, la France a toujours eu, à part quelques courtes interruptions, un représentant dans l'île. C'est aujourd'hui M. Peugeot, arrivé en 1945 pour succéder à M. Colin qui s'y trouvait depuis 1919.

Quand je visitai la demeure de Longwood, elle était vide, privée de ses planchers, détruits par les termites. La chambre de !'Empereur et son cabinet de travail - ensemble qu'il appelait ironiquement son « intérieur » m'apparurent fort exigus.

Notre vice-consul avait à cœur de mener à bien la tâche de restaurer la maison et de reconstituer son décor pour en faire un musée. Mais les crédits qu'on lui avait alloués - réduits encore par les dévaluations - étaient insuffisants.

Sur l'arrière de la maison de l’Empereur se trouvent plusieurs bâtiments. L'un d'eux, où le général de Montholon avait établi ses appartements, a été remis en état en 1934, grâce aux dons de la Société des Amis de Sainte-Hélène. Actuellement il sert de résidence à notre vice-consul.

Pendant sa captivité, !'Empereur faisait parfois des promenades à cheval et il avait exprimé le désir d'être enseveli dans un lieu qu'il affectionnait particulièrement, le vallon du Géranium, au fond du « Devil's Punch Bowl »[7].

On accède à ce vallon par un charmant sentier qui traverse un bois de sapins dont le silence n'est troublé que par le roucoulement des tourterelles.

Au fond du vallon, une grille en fer forgé entoure une énorme pierre rectangulaire nue. Aucune inscription. Le général de Montholon avait demandé que le nom de Napoléon y fût gravé. Mais Hudson Lowe ayant exigé qu'on y ajoutât Bonaparte, les Français préférèrent laisser la pierre anonyme.

La tombe est dominée par deux énormes pins de Norfolk plus vieux qu'elle. À côté, se dresse un olivier planté par le prince de Galles, ainsi qu'un autre arbre planté, avant la guerre, par l'état-major du croiseur-école français Jeanne d’Arc.

À quelques mètres de la tombe coule le filet clair d'une source qui ne tarit jamais, comme le véritable souvenir.

Une guérite rappelle qu'avant que la dépouille ne soit ramenée en France, un factionnaire en armes veillait la nuit et le jour.

Comme Longwood, le lieu où se trouve la tombe est possession française depuis le 7 mai 1858.

Lors du passage du Kurun le gouverneur de l'île était souffrant, mais il envoya son aide de camp me dire qu'il serait heureux de me recevoir.

Un matin donc, une rutilante voiture noire, aux portières ornées de blanches armoiries, vint me prendre au débarcadère.

Je fus heureux de cette occasion de visiter Plantation House, la résidence pleine de souvenirs historiques.

Un laquais en livrée m'introduisit dans la vieille demeure, où j'inscrivis mon nom à côté de celui du cotre dans un énorme livre d'or.

Le gouverneur, Sir George Andrew Joy, m'accueillit très cordialement et dans un français impeccable : il avait fait une partie de ses études à Bruges et séjourné quelque quatorze ans aux Nouvelles-Hébrides.

Plantation House, autrefois propriété de la Compagnie des Indes, n'a pas changé depuis la captivité de l'Empereur. C'est une belle et vaste demeure qui contraste singulièrement avec la « maison de notaire » de Longwood. La construction claire, richement meublée, à. un seul étage, est située au milieu d'un immense parc, bien entretenu, entouré de bois. Dans son silence on évoque le petit gouverneur aux cheveux roux, Sir Hudson Lowe, ce triste geôlier dont les Anglais eux-mêmes ont dit qu'il n'était pas un gentleman. Son grand prisonnier lui donna bien du souci... On songe au Corse Santini, huissier de !'Empereur, adroit chasseur qui explora un certain temps les abords de Longwood dans l'espoir de trouver le gouverneur au bout de son fusil ! On évoque les expéditions comme celles du flibustier Lafitte qui furent envisagées pour délivrer le célèbre captif.

Dans le paisible parc de Plantation House vit un personnage qui a connu Napoléon et Lowe, puisqu'il était âgé d'environ deux cent quarante ans lors du passage du Kurun. Ce personnage historique est Jonathan, une tortue géante originaire des iles Galapagos. Dans la fleur de son âge, Jonathan avait une compagne, mais elle est décédée... depuis un siècle. Malgré ce siècle de veuvage, il n'a pas oublié son épouse et, chaque année, à la période des amours, il se lance dans une longue expédition, à la recherche de la défunte. Rien ne peut l'arrêter. Si les humains étaient aussi fidèles ...

Le 17 avril 1952 - grand événement dans l'ile - arriva d’Angleterre, à destination du Cap, le Llandovery Castle. Les navires mouillent assez loin du rivage et c'est un va-et-vient pittoresque d'embarcations pour le débarquement des passagers et des marchandises.

Pour ces dernières, on utilise de petites barges que l'on décharge, malgré la houle, au moyen de grues.

Sainte-Hélène est avant tout l'île de Napoléon et, de ce fait, elle possède un attrait touristique considérable ; presque tous les passagers sont intéressés par la visite de Longwood et de la Tombe. C'est une source de revenus pour les habitants.

Un jour, je rencontrai un vieux Boer perdu lui aussi sur cette île. Autrefois interné, ce brave homme semblait avoir oublié ces mauvais jours. Il me rappela qu'après la guerre des Boers, plusieurs camps de ses compatriotes déportés avaient été établis sur cette terre de captivité. Les camps se transformèrent en cimetière, et il en restait le seul survivant.

L'île compte environ cinq douzaines d’Européens presque tous fonctionnaires.

On y mène une vie de province caractéristique avec ses potins et, parfois, ses petites intrigues. Veut-on téléphoner ? Il n'est pas nécessaire de préciser le numéro de l'abonné ni de s'enquérir s'il est à son domicile. La poste, bien renseignée – les allées et venues de chacun ne passant pas inaperçues – sait parfaitement où se trouve M. X. ou Mme Y. et elle prend l'initiative de les appeler où ils sont ! Voilà une organisation bien pratique.

Il n'y a pas de facteur à Sainte-Hélène. Si l'on veut son courrier, il faut aller le retirer soi-même à la poste.

Pour son histoire légendaire, la beauté de ses paysages et l'affabilité de ses habitants, j'ai vivement apprécié Sainte-Hélène.

J'ai souvent gravi les six cent quatre-vingt-dix-neuf marches de l'échelle de Jacob qui conduit presque verticalement au vieux fort de Ladder Hill, transformé en école, et où commence le domaine les cactus épineux aux fruits écarlates.

J'aimais bavarder avec tous les gens, avec les nombreux enfants à la mine éveillée. Souvent, garçons et filles venaient à la nage jusqu'au cotre ; le pont et le gréement se garnissaient alors de ces jeunes visiteurs.

Les bateaux de Sainte-Hélène sont de modestes embarcations, pour la plupart des baleinières, propulsées à l'aviron ; mais les insulaires sont des « nageurs » de premier ordre et j'aimais les regarder manier harmonieusement leurs longs avirons. Toute la côte abonde en beaux poissons et la pêche, même pratiquée avec des moyens simples, y est fructueuse.

19 avril. - Une dernière fois, je déjeune à Longwood. M Peugeot me reconduisit à l'embarcadère dans sa « Vauxhall » dernier modèle.

Des enfants, des hommes, aux visages devenus familiers me font des gestes d'adieu. J'embarque à bord du cotre qui roule honnêtement, comme il en a pris l'habitude depuis son arrivée sur cette rade ouverte.

L'appareillage est assez délicat à cause des nombreuses embarcations qui m'entourent. Après avoir établi la voilure, je dois l'éviter, vent arrière.

À 16 h.10 j'appareille et pare de justesse le petit yacht à moteur Yellowfin. Il s'en faut de peu que mon gui ne lui arrache son joli petit mâtereau ...

La brise se fait au fur et à mesure que je m'éloigne de terre et bientôt les dernières silhouettes des hommes ne sont plus perceptibles.



[1] Je n'en avais jamais vu de cette espèce, mais devais en voir des quantités à Sainte-Hélène.

[2] Au point de vue rapidité, j'aurais eu un gros avantage à contourner l'île par l'Est.

[3] La colline de l’échelle.

[4] « Moulins à lin »

[5] A environ neuf km de Jamestown.

[6] Domaine français. Fermé au public jusqu'à avis ultérieur.

[7] Bol à punch du Diable.




 

mardi 29 octobre 2024

Escale Abercrombie & Kent

     Ce soir, nous avons accueilli le pionnier des voyages de luxe Geoffrey Kent à la Maison de Longwood. Il était accompagné par une cinquantaine de voyageurs qui ont étaient reçus à Longwood, dans l'espace De Pauw aux appartements de la famille de Montholon où un diner leur a été servi.

    Cette escale à Sainte-Hélène s’est faite dans le cadre d’un périple en jet privé autour du monde que le voyagiste de luxe a conçu autour d'un éventail de destinations fascinantes, dont certaines, comme Sainte-Hélène, qu'il a visité pour la première fois. 



Après une visite guidée des appartements de l'Empereur, un diner a été servi pour cinquante personnes dans l'espace De Pauw situé dans les appartements dits "des généraux"


dimanche 11 août 2024

Visite de l'Ambassadeur de France en Afrique du Sud, David Martinon

 Du 3 au 10 août 2024, nous avons le l’honneur et le plaisir d’accueillir l’ambassadeur de France en Afrique du Sud, au Lesotho et au Malawi.

À cette occasion, il a pu non seulement découvrir l’île et les lieux mémoriaux napoléoniens, mais aussi rencontrer toutes les parties prenantes de nos domaines nationaux. 

Voici quelques photographies qu’il a prises et postées sur son compte X.

avec S. E. le gouverneur de l'île, Nigel Phillips, CBE


Moment de recueillement devant la tombe de Napoléon

Moment de recueillement devant la tombe de Napoléon


Rencontre avec la tortue des Seychelles « Jonathan »
réputé être l’être vivant le plus âgé de la planète









vendredi 21 juin 2024

Le décès d'un ami de Sainte-Hélène, Bernard Chevallier

De 1997 à 2008, Bernard Chevallier, en tant que directeur des musées nationaux de Malmaison et Bois-Préau, s’est passionné pour les derniers lieux d’exil de Napoléon. 


Cette passion l’a également conduit à découvrir l’île de Sainte-Hélène, où il s’est tellement plu qu’il y est retourné en dehors de ses fonctions professionnelles pour y passer ses vacances. 


Avec sa disparition, les domaines nationaux perdent un ami irremplaçable.


Lire le carnet sur le site de la Fondation Napoléon dont il fut aussi un temps le vice-président.

Nous avons appris avec une grande tristesse le décès accidentel de Bernard Chevallier, historien de l’art et conservateur général honoraire du Patrimoine, connu et apprécié de tous les « napoléonistes ». Né en 1943, d’abord tenté par l’histoire médiévale, il avait bifurqué pour les XVIIIe et XIXe siècles dont il était devenu un des grands spécialistes du mobilier et des objets d’art. Reçu au concours de conservateur du patrimoine en 1971, il avait effectué une grande partie de sa carrière dans le lieu napoléonien par excellence : conservateur-adjoint (1980) conservateur (1989) puis directeur des musées nationaux de Malmaison et Bois-Préau (1997-2008), avec sous sa responsabilité la Maison Bonaparte d’Ajaccio et le musée napoléonien de l’île d’Aix. Il n’avait pas peu contribué à la modernisation et à la visibilité de ces établissements, pour lesquels il avait été commissaire d’un grand nombre d’expositions. Après sa retraite, il avait poursuivi cette activité, notamment pour la grande exposition « Napoléon » de La Villette, en 2021.

Il avait en même temps bâti une œuvre écrite à la fois savante et grand public, avec des publications telles Napoléon, les lieux de pouvoir, (2004), Style Empire, les arts décoratifs en France de 1798 à 1815 (2000), Douce et incomparable Joséphine (1999, avec Christophe Pincemaille), L’art de vivre au temps de Joséphine (1998, Grand Prix de la Fondation Napoléon), etc. Avec Maurice Catinat et Christophe Pincemaille, il avait encore livré une superbe édition de la Correspondance de l’impératrice Joséphine : 1782-1814 (1996). Récemment, il avait encore travaillé sur les Tuileries et le château de Saint-Cloud.

Et comme Malmaison était la première institution déposante d’œuvres à la Maison de Longwood, il avait passionnément travaillé, avec Michel Dancoisne-Martineau, à la pérennité et à la renommée des Domaines nationaux de Sainte-Hélène. Les restaurations des vingt dernières années lui doivent beaucoup.

Enfin, Bernard Chevallier était entré au Conseil d’administration de la Fondation Napoléon, en janvier 2001. Il y avait siégé jusqu’en 2014, exerçant les fonctions de trésorier-adjoint (aux côtés du baron Gourgaud) et de vice-président (aux côtés de Victor-André Masséna, prince d’Essling). Il avait été le commissaire de l’exposition « Napoléon » organisée par la Fondation en 2004 au musée Jacquemart-André et, un an plus tard, co-commissaire de celle de Sao Paulo. Le Conseil d’administration l’avait nommé administrateur honoraire à l’issue de ces treize années de présence.

Avec Bernard Chevallier, la Fondation Napoléon a perdu un ami toujours à l’écoute et le monde napoléonien un grand savant dont les travaux feront longtemps vivre sa mémoire.

A ses enfants et petits-enfants, nous présentons nos très sincères condoléances.

 Lire la biographie de Bernard Chevallier et découvrir sa bibliographie.



vendredi 16 février 2024

Visite du président de la Chambre des communes du Royaume-Uni, sir Lindsay Hoyle

Ce matin, nous avons eu le plaisir et l'honneur de recevoir à Longwood le Président de la Chambre des communes du Royaume-Uni, sir Lindsay Hoyle.



mardi 6 février 2024

Spirit of St Exupéry, Routes Nouvelles, Côtes inconnues... Daring French Explorations

 Pendant dix jours (Du 29 janvier au 8 février 2024)
, nous avons le plaisir d'accueiillir Hubert Sagnières (Président d'Essilor International) et le pilote Georges Adam qui commémorent le centenaire du premier tour du monde à bord de leur Pilatus PC-12.






samedi 27 janvier 2024

Visite du Président de l'association France-Asie, M. Jean-Marie Cambacérès,

             Cette semaine, nous avons eu l'honneur de recevoir M Jean-Marie CambacérèsPrésident de l'association France-Asie. 




            Durant cette visite, entouré des Français que David Chanteranne accompagnait, il a déposé au pied de la Tombe de Napoléon deux couronnes : une en son nom célèbre de l'Empire et une autre au nom de la République de Montmartre dont il est ambassadeur.  


    

Visite de l'historien David Chanteranne

 



       Pendant la semaine du 20 au 27 janvier, Monsieur David Chanteranne, accompagné d'un groupe de compatriotes qu'il guidait, a eu la courtoisie de nous rendre visite à Longwood. Le lundi 22, il nous a gratifiés d'une conférence, naturellement brillante, comme à son habitude.



        Sur un plan plus personnel, ce fut l'occasion (trop courte) des retrouvailles d'un ami. 


Rallye maritime World ARC 2023-2024 - Escale à Sainte-Hélène

 Encadré par le World Cruising Club (World ARC 2023-2024), nous avons accueilli aux domaines nationaux de nombreux membres des équipages des vingt yachts qui ont fait escale à Sainte-Hélène du 22 au 27 janvier 2024.

 



Parmi eux, quelques Français pour qui, en plus des lieux napoléoniens, nous avons organisé quelques randonnés et visites de l’île. 

   

jeudi 25 janvier 2024

Son Altesse Royale le Prince Edward, le Duc d'Édimbourg visite la Maison de Longwood

Ce jeudi 25 janvier 2024, au matin, Son Altesse Royale le Prince Edward, le Duc d'Édimbourg, a visité la Maison Longwood.

Voici les photographies prises durant sa visite. 
















 

mercredi 18 octobre 2023

Escale de "Energy Observer"



     Le bateau 'energy Observer' a fait une escale d'une semaine à Sainte-Hélène. Sous le commandement de Jean-Baptiste Sachez, j'ai eu le bonheur de rencontrer les sept membres de l'équipage et de partager des moments merveilleux. 

    Plus de cent-cinquante Héléniens ont pu le visiter ce merveilleux bateau autonome. 

    Pour nous ce fut un véritable bonheur de rencontrer ces sept Français passionnés et de pouvoir leur faire découvrir cette île.  







Energy Observer est né en 2013, de l’idée de construire le premier navire autonome capable de puiser son énergie dans la nature tout en la préservant. Il réunit depuis lors une équipe exceptionnelle et complémentaire de marins, scientifiques, ingénieurs, reporters… Développé à partir d'un catamaran de légende maintes fois récompensé, Energy Observer est aujourd’hui un navire laboratoire de la transition écologique conçu pour repousser les limites des technologies zéro émission. Hydrogène, solaire, éolien, hydrolien, toutes les solutions y sont expérimentées, testées et optimisées, dans le cadre d’une Odyssée autour du monde de 7 ans (plus de 70 escales à ce jour), pour d’aller à la rencontre des acteurs du changement à chaque nouvelle escale et pour faire des énergies propres une réalité concrète et accessible à tous. Victorien Erussard, capitaine et fondateur, a été nommé Ambassadeur Français des 17 Objectifs de Développement Durable par le gouvernement en 2018, tandis qu’Energy Observer a reçu le haut patronage du Président de la République.