Restauration des corps de bibliothèque prêtés par le Napoleonmuseum d’Arenenberg en Thurgovie et présentés à la Maison de Longwood
Cristen dans son atelier |
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Les bibliothèques ont repris leurs emplacements de 1821 |
Cristen dans son atelier |
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Les bibliothèques ont repris leurs emplacements de 1821 |
Avec les dons et les achats d'immortelles disposées sur la tombe de Napoléon en 2021 par l'entremise de la St Helena Napoleonic Heritage et au dévouement d'Éric Barthe, nous avons pu entreprendre la fabrication sur mesure d'une réplique d'un des trois larges corps de bibliothèque de Napoléon à Sainte-Hélène.
La fabrication de ce vaste meuble a été confiée à Cristen Yon, un ébéniste de Sainte-Hélène et un restaurateur familier des styles anglais à qui nous avions déjà confié les restaurations de meubles anciens de la Maison de Longwood entre 2014 et 2016.
Aucun des mémorialistes de Sainte Hélène – pas même l’intéressé en charge de la bibliothèque, Saint-Denis [dit Ali] – ne nous a laissé une description de la pièce de la Maison de Longwood qui se trouvait au centre de cette « fabrique historique[1] » qu’était devenue cette prison sise au milieu de l’atlantique sud.
Contre toute attente, en 2019, M Jacques Jourquin qui travaille actuellement sur les papiers manuscrits de Louis-Étienne Saint-Denis dit « Ali » a retrouvé sur un morceau une note manuscrite du bibliothécaire de Napoléon sur l’île une description détaillée de cette pièce.
En voici le
texte[1]
:
« La bibliothèque était une pièce faisant suite à la
salle à manger dont elle n'était séparée que par une cloison. C'était l'aile
est du bâtiment de Longwood. Dans les premiers temps de notre installation
cette pièce avait été habitée par le ménage de M. de Montholon.
Il y avait quatre ouvertures, une porte qui y donnait entrée – était éclairée par trois fenêtres, lesquelles donnaient sur le bosquet. La porte était sur le côté de la cloison, peu éloignée de l'angle de gauche. Au côté perpendiculaire, sont les fenêtres. La pièce a 15 à 16 pieds de long sur 13 à 14 de large. Entre les fenêtres sont deux petits meubles hauts de 5 pieds environ et larges de deux pieds, ayant 1 pied et demi de profondeur, composés de deux parties, l'une supérieure qui formait armoire, l'autre inférieure était à tiroirs. Sur chaque côté, deux petites colonnettes en bois noir, les deux meubles en plaquage d'un bois brun veiné.
Le côté du mur opposé aux fenêtres était
garni de deux corps de bibliothèques en acajou, les deux extrémités de la
partie supérieure de chaque corps étaient plus en saillie que le milieu. Les
rayons étaient fermés par des vantaux garnis de treillis en fil de cuivre, un
pour chaque extrémité et deux pour le milieu. La partie inférieure de chaque
corps avait 4 armoires à portes pleines. Une tablette en marbre noir courait
sur cette partie et avait 7 à 8 pouces dans le milieu et était (deux mots
indéchiffrables) dans Je reste. Ces corps qui étaient couronnés d'une petite
corniche avaient pour ornement des baguettes de bois noir.
Deux autres corps semblables à ceux
ci-dessus existaient aux deux autres côtés. Celui qui était du côté de la porte
était moins grand long que celui qui était du côté opposé. Il fut fait à
Sainte-Hélène par des soldats menuisiers. Les autres avaient été apportés
d'Angleterre.
Les parties inférieures étaient pour les
in-folio et les in-quartos, les parties supérieures contenaient les in-douze et
les in-8.
En face de la porte et près de la 3ème
fenêtre était une petite table, avec un pupitre ayant le jour à gauche. C'est
là que j'écrivais. Dans le milieu de la pièce était une grande table quarrée en
acajou ordinaire à pieds tournés. Cette table était couverte d'une étoffe
blanche (les deux derniers mots rayés et remplacés en marge par « une toile peinte à petits dessins deux mots
indéchiffrables ») et destinée pour les
cartes. Deux chaises en bois noir et un fauteuil à dossier rond étaient les
seuls sièges qui existassent dans cette pièce. Une chaise était couverte d'une
forte étoffe de soie bleu-ciel. Le fauteuil était placé en arrière de la table
et avait en face les fenêtres. L'Empereur s'y asseyait quelquefois.
Les murs de la bibliothèque sont couverts d'un papier fond gris à petits dessins bleus. »
[1] Description de la
pièce-bibliothèque de Longwood. Manuscrit autographe (brouillon). Feuillet 13,5
x 21, recto-verso. Papiers Saint-Denis (fonds Jacques Jourquin) :
Pour la restituer, il nous
faudrait pouvoir :
1-
Faire faire par une ébéniste des répliques des
trois corps de bibliothèque en acajou qui furent fabriqués durant les années
d’exil à Sainte-Hélène par des soldats menuisiers avec tablette en marbre noir.
[Une
réplique d’entre-elles existe déjà et est présentée actuellement à Longwood
House mais sans son marbre.]
2-
Refaire imprimer en France un papier peint à
petits dessins bleus sur fond gris identique à celui qui recouvre déjà
aujourd’hui la salle de bain de l’Empereur.
3-
Restaurer les deux bibliothèques « apportées
d'Angleterre ». [Présentées actuellement à Plantation House pour
l’exposition Sir Hudson Lowe car elles furent emportées par le Gouverneur[1]]
4-
Replacer dans le milieu de la pièce la « grande table quarrée en acajou ordinaire à pieds
tournés. Cette table était couverte d'une étoffe blanche. [Ali]»,
le pupitre, les deux chaises en bois
noir et un fauteuil à dossier rond couverte d'une forte étoffe de soie
bleu.
5-
Refaire la porte donnant sur les jardins en y
ajoutant des fenêtres (comme pour la salle-à-manger de Napoléon. – Ali mentionne que cette porte actuelle
était alors troisième fenêtre.
6-
Refaire les rideaux conformes à ceux des autres
pièces.