7 avril 1952 - Pas d'étoiles pour faire un point
crépusculaire, mais à quoi bon : je sais où je suis.
La nuit peu à peu se dépouille de ses ténèbres.
6 heures. Ciel couvert ; pluie ; grains. Sale temps pour atterrir
!
6 h. 17. « Terre
! » dis-je à voix haute. Un fin contour se dessine à peine, mais il n'y a
pas à s'y tromper : c'est Sainte-Hélène, la tombée Est de l'île, que je relève
immédiatement. Elle disparaît d'ailleurs aussitôt. Quelques minutes après,
c'est la brève apparition de la tombée Ouest de la côte que je relève en toute
hâte.
Puis c'est de nouveau le gris. Temps bouché. Visibilité
quasi nulle.
La brise fraîchit. Pour une fois, l'alizé se décide à
souffler un peu, au terme de l'étape ! Vitesse réduite, sous une seule
trinquette, je cours vers la terre, pensant ne rétablir la grand-voile qu'à
l'abri de l'île : j'aurai toute la journée pour gagner le mouillage.
De nombreuses bandes d'oiseaux, dont la plupart semblent
s'intéresser à des bancs de poissons. Je vois le troisième poisson volant de la
traversée.
10 h. 22. Île Sperry en vue, à petite distance. Cette petite
île et les rocs qui l'entourent sortent seuls de la boucaille, à un demi mille
de la grande île. Ces rochers déchiquetés, d'une sauvagerie magnifique, gardent
le Sud de Sainte-Hélène.
10 h. 37. Pointe Ouest en vue, à petite distance. Malgré la
proximité de la côte, seules m'apparaissent les extrémités de cet énorme bloc
qui tombe brutalement dans la mer. Par ce temps bouché, ce décor est sinistre.
Bientôt la brise tombe presque complètement. Après avoir
renvoyé la grand-voile, je double, à 11 h. 55, la pointe Ouest à trois encâblures
environ.
À l'abri de l'île, je suis encalminé, mais le soleil vient
alors révéler un paysage d'une note différente. Des cailloux tourmentés, de la lave
; des falaises abruptes qui vous dominent comme pour vous écraser. Aucune trace
humaine.
Une très gracieuse petite mouette noire à la tête blanche
vient comme pour se poser à bord. Elle m'apporte le salut de l'île. La mer a
repris une teinte bleue extraordinaire.
Le cotre avance à peine, sous quelques souffles changeants.
Bientôt, cependant, je distingue des touffes de verdure et
quelques maisons en haut des vallées qui débouchent droit sur la mer.
Il faut louvoyer avec la brise debout. À 13 h.15, les
maisons de Jamestown sont visibles. Sainte-Hélène est magnifique sous le
soleil.
En guise de déjeuner, je croque une tablette de chocolat.
Puis, après avoir tiré un grand bord, jusqu'à découvrir les deux pointes Nord
de l'île, je vire à 16 h.10, estimant avoir James Bay à la bordée.
De loin, je vois venir au-devant de moi une embarcation à moteur
; c'est la vedette du gouvernement qui me propose la remorque, mais je décline
son offre. Elle navigue alors bord à bord, ce qui me permet de converser. Je
vais pouvoir utiliser un coffre d’amarrage ; je m'en réjouis, car mouiller par
une grande profondeur est toujours ennuyeux pour un petit bateau.
À 17 h.50, l'équipage de la vedette m'amarre sur deux corps morts,
à une demi-encâblure de l'escalier de débarquement de la baie James.
Vingt-deux jours de mer. C'est bien long pour mille sept
cents milles de route, mais la bonne arrivée est l'essentiel.
Comme je ferlais ma grand-voile, arriva le vice-consul de France
et seul Français de l'île, M. Peugeot. On lui avait câblé du Cap mon départ et
la date probable de mon arrivée. Comme il avait escompté une traversée de
quinze à dix-sept jours, il s'inquiétait aimablement, et d'autant plus qu'un
paquebot, qui était passé quelques jours auparavant venant du Cap, n'avait pas
vu le Kurun. Dès que mon arrivée lui avait été signalée, il était donc
accouru, sans perdre un instant.
Le lendemain matin, par un très beau temps, il vint me
chercher en voiture pour visiter l'île. J'étais en train de me baigner dans une
eau claire et calme, d'une agréable température, et ce fut à la nage que je
pris mon premier contact avec Sainte-Hélène.
James Bay est une baie ouverte, sans abri - ce que les marins
appellent une rade foraine. Seule sa position sous le vent de l'île la protège
de l'alizé de Suet. Mais la régularité du régime des vents ne confère pas à ce
mouillage une sécurité absolue ; et quand la grosse houle provoquée par les
tempêtes dans le Sud vient battre en côte, elle crée - tout comme à l'île Ascension,
sa voisine - ces dangereux « rollers » (rouleaux) qui peuvent interdire
tout débarquement. Un navire, en raison de cette éventualité, doit mouiller
suffisamment loin de la côte, en eau profonde.
Ces « rollers », quoique peu fréquents, ont causé des pertes.
Aussi faut-il s'en méfier.
Vue du large, Sainte-Hélène est un bloc de pierre élevé qui tombe
à pic dans la mer. Pas une baie hospitalière. Aucune plage.
Rien. Une âpre sauvagerie. Un lieu de déportation idéal.
Pour le débarquement, James Bay n'est pas tellement plus accueillant.
La falaise abrupte, qui domine de haut la mer, écrase
l'homme.
Le débarquement se fait sur le roc ; il est plus ou moins
difficile, car il y a toujours du ressac. Avec ma prame, je profitais de
l'amplitude maximum de la houle pour sauter à terre, tirant mon embarcation au
sec à la lame suivante.
Je me représentais l'arrivée de !'Empereur à bord du Northumberland,
le 16 octobre 1815. Le cadre était identique : les mêmes rocs, la même
houle, avec l'hostilité et la curiosité des hommes en plus. Le grand captif
avait voulu débarquer de nuit, mais tous les habitants l'attendaient avec des
lanternes !
Jamestown est la seule agglomération de l'île, et la
majorité de la population s'y trouve concentrée. Avec son clocher à la pointe
effilée, on dirait un paisible bourg de province ; rien de « colonial ». Sa
situation est assez pittoresque, car il s'étire dans le creux d'une vallée aux
flancs rocailleux parsemés de cactus. Une porte, que l'on fermait autrefois,
donne accès à la baie.
Le vieux « Castle » gardé symboliquement au milieu des
fleurs, par ses canons anciens, revêt aujourd'hui un aspect aimable.
Sainte-Hélène est toute petite, puisqu'elle n'a que dix-sept
kilomètres dans sa plus grande dimension. Quand elle fut découverte, le 21 mai
1502, par le navigateur portugais Juan de Nova Castella, qui lui donna le nom
de la sainte impératrice Hélène, mère de Constantin, elle était inhabitée. Elle
fut donc, dès ses débuts, une île impériale.
Après les Portugais, puis les Hollandais, les Anglais
jetèrent leur dévolu sur cette île, qui devint la propriété de la Compagnie des
Indes. Cette dernière la remit au gouvernement anglais lors de l'internement de
!'Empereur, mais en redevint propriétaire à la mort de Napoléon. Enfin, le 21
avril 1834, l'île fut cédée définitivement à l'Angleterre, dont elle resta
colonie.
Avant le percement du canal de Suez, Sainte-Hélène était
assez fréquentée. Actuellement elle ne reçoit que deux fois par mois la visite
des paquebots de la série Castle, qui relient l'Angleterre au Cap et
inversement.
Si, vue du large, elle apparaît comme un roc sauvage, cette impression
se modifie radicalement lorsqu'on pénètre dans l'intérieur, dès les premières
crêtes passées, et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent,
Sainte-Hélène est une île magnifique.
Si l'on gravit « Ladder Hill »,
qui surplombe le village, on trouve un paysage sec, de rocailles et de cactus,
qui fait penser aux Galapagos. Mais, en continuant la route vers l'intérieur,
on se demande si une fée n'a pas changé le cadre d'un coup de baguette magique
: subitement, c'est une campagne verte et boisée, calme et fort belle : de
l'herbe, des champs, des ajoncs, de très beaux arbres, des bois de sapins. Un
paysage qui, du reste, n'a rien de tropical. C'est une aimable campagne avec
des vaches et des moutons. On oublie complètement que l'on est en plein Atlantique
et sous les tropiques ...
L'intérieur est très accidenté. Dominées par le pic de
Diane, ce ne sont que crêtes et vallées verdoyantes, si bien qu'au premier abord
l'île paraît beaucoup plus grande qu'elle n'est.
La grande richesse de Sainte-Hélène est le flax. Cette
espèce de lin (Phormium tenax) y fut importé de Nouvelle-Zélande en 1867. On en
voit des champs entiers qui miroitent sous le soleil, pailletés d'argent et
souvent les pittoresques routes en sont bordées.
Ce flax alimente une industrie spéciale : on compte huit «
flax Mills » dans
l'île. On dit que les propriétaires des flax Mills achètent le flax aux
indigènes au-dessous du tarif officiel ; mais les Saint-Hélénais (sic) sont si
braves, si doux, qu'ils n'émettent pas d'objection. Ils sont, d'ailleurs,
parfaitement heureux ainsi, ce qui est bien le principal.
Outre le flax, l'ile exporte des bulbes de lis et quelques
dentelles, vendues principalement aux touristes.
La population de Sainte-Hélène résulte d'apports très divers
: esclaves noirs, coolies chinois, Malais, Hindous - tout cela mêlé au sang
blanc des navigateurs ou des soldats qui tinrent garnison dans l'ile. On y
observe donc une grande variété de couleurs de peau. Les Saint-Hélénais sont
simples et serviables : de braves gens qui mènent une vie paisible. Le
métissage a parfois d'heureux résultats : on y rencontre quelques très jolies
filles.
Le nombre des habitants qui avait décru régulièrement de 1856
à 1936 est de nouveau en progression. En 1947 le recensement indiquait 4.748
habitants ; l'année précédente donna 136 naissances pour 53 décès. Le nombre
des enfants, en effet, m'a frappé. Les écoliers forment le quart de la
population.
M. Peugeot fut pendant cette escale le guide le plus
obligeant comme le plus avisé. Naturellement il habitait Longwood, et l'habitude
que je pris de venir l'y voir me familiarisa vite avec ces lieux historiques.
Longwood
est situé sur un plateau à la maigre végétation, exposé à la vue des alentours.
Une longue allée rectiligne bordée d'arbres conduit à une simple barrière de
bois surmontée d'un panneau sur lequel on lit : « French Domain. - Closed to Public
until further notice ».
Le jardin traversé, voici la maison de l’Empereur. On
imagine difficilement tout d'abord que Napoléon ait vécu là et qu'il y soit
mort. Comme l'a dit Octave Aubry, « la maison de Napoléon est une demeure de
campagne, bonne au plus pour un notaire retraité ».
Le lieu est calme, l'air pur. On songe à ce qu'ont pu être
les années de captivité du grand homme d'action.
On l'éprouve davantage encore en arpentant le jardin, qui
n'a pas changé, dont il avait fait creuser les allées pour échapper ainsi
pendant ses promenades au regard des espions qui, cachés derrière les haies, ne
pouvaient même plus apercevoir le légendaire petit chapeau à cornes.
Est-ee pour effacer tout souvenir qu'après la mort de Napoléon,
Longwood fut converti en étable ? Mais en 1858, la reine Victoria en fit don (sic)
à Napoléon III et la même année l'Empereur envoya à Sainte-Hélène le chef
d'escadron Gauthier de Rougemont prendre possession des biens français. Il y
resta jusqu'en 1867. Depuis cette date, la France a toujours eu, à part
quelques courtes interruptions, un représentant dans l'île. C'est aujourd'hui M.
Peugeot, arrivé en 1945 pour succéder à M. Colin qui s'y trouvait depuis 1919.
Quand je visitai la demeure de Longwood, elle était vide,
privée de ses planchers, détruits par les termites. La chambre de !'Empereur et
son cabinet de travail - ensemble qu'il appelait ironiquement son « intérieur »
m'apparurent fort exigus.
Notre vice-consul avait à cœur de mener à bien la tâche de restaurer
la maison et de reconstituer son décor pour en faire un musée. Mais les crédits
qu'on lui avait alloués - réduits encore par les dévaluations - étaient
insuffisants.
Sur l'arrière de la maison de l’Empereur se trouvent
plusieurs bâtiments. L'un d'eux, où le général de Montholon avait établi ses
appartements, a été remis en état en 1934, grâce aux dons de la Société des
Amis de Sainte-Hélène. Actuellement il sert de résidence à notre vice-consul.
Pendant sa captivité, !'Empereur faisait parfois des
promenades à cheval et il avait exprimé le désir d'être enseveli dans un lieu
qu'il affectionnait particulièrement, le vallon du Géranium, au fond du « Devil's
Punch Bowl ».
On accède à ce vallon par un charmant sentier qui traverse un
bois de sapins dont le silence n'est troublé que par le roucoulement des
tourterelles.
Au fond du vallon, une grille en fer forgé entoure une
énorme pierre rectangulaire nue. Aucune inscription. Le général de Montholon avait
demandé que le nom de Napoléon y fût gravé. Mais Hudson Lowe ayant exigé qu'on
y ajoutât Bonaparte, les Français préférèrent laisser la pierre anonyme.
La tombe est dominée par deux énormes pins de Norfolk plus vieux
qu'elle. À côté, se dresse un olivier planté par le prince de Galles, ainsi
qu'un autre arbre planté, avant la guerre, par l'état-major du croiseur-école
français Jeanne d’Arc.
À quelques mètres de la tombe coule le filet clair d'une
source qui ne tarit jamais, comme le véritable souvenir.
Une guérite rappelle qu'avant que la dépouille ne soit
ramenée en France, un factionnaire en armes veillait la nuit et le jour.
Comme Longwood, le lieu où se trouve la tombe est possession
française depuis le 7 mai 1858.
Lors du passage du Kurun
le gouverneur de l'île était souffrant, mais il envoya son aide de camp me dire
qu'il serait heureux de me recevoir.
Un matin donc, une rutilante voiture noire, aux portières ornées
de blanches armoiries, vint me prendre au débarcadère.
Je fus heureux de cette occasion de visiter Plantation
House, la résidence pleine de souvenirs historiques.
Un laquais en livrée m'introduisit dans la vieille demeure,
où j'inscrivis mon nom à côté de celui du cotre dans un énorme livre d'or.
Le gouverneur, Sir George Andrew Joy, m'accueillit très
cordialement et dans un français impeccable : il avait fait une partie de ses
études à Bruges et séjourné quelque quatorze ans aux Nouvelles-Hébrides.
Plantation House, autrefois propriété de la Compagnie des Indes,
n'a pas changé depuis la captivité de l'Empereur. C'est une belle et vaste
demeure qui contraste singulièrement avec la « maison de notaire » de
Longwood. La construction claire, richement meublée, à. un seul étage, est
située au milieu d'un immense parc, bien entretenu, entouré de bois. Dans son
silence on évoque le petit gouverneur aux cheveux roux, Sir Hudson Lowe, ce
triste geôlier dont les Anglais eux-mêmes ont dit qu'il n'était pas un gentleman.
Son grand prisonnier lui donna bien du souci... On songe au Corse Santini,
huissier de !'Empereur, adroit chasseur qui explora un certain temps les abords
de Longwood dans l'espoir de trouver le gouverneur au bout de son fusil ! On
évoque les expéditions comme celles du flibustier Lafitte qui furent envisagées
pour délivrer le célèbre captif.
Dans le paisible parc de Plantation House vit un personnage qui
a connu Napoléon et Lowe, puisqu'il était âgé d'environ deux cent quarante ans
lors du passage du Kurun. Ce personnage historique est Jonathan, une tortue
géante originaire des iles Galapagos. Dans la fleur de son âge, Jonathan avait
une compagne, mais elle est décédée... depuis un siècle. Malgré ce siècle de
veuvage, il n'a pas oublié son épouse et, chaque année, à la période des
amours, il se lance dans une longue expédition, à la recherche de la défunte.
Rien ne peut l'arrêter. Si les humains étaient aussi fidèles ...
Le 17 avril 1952 - grand événement dans l'ile - arriva d’Angleterre,
à destination du Cap, le Llandovery Castle.
Les navires mouillent assez loin du rivage et c'est un va-et-vient pittoresque d'embarcations
pour le débarquement des passagers et des marchandises.
Pour ces dernières, on utilise de petites barges que l'on
décharge, malgré la houle, au moyen de grues.
Sainte-Hélène est avant tout l'île de Napoléon et, de ce
fait, elle possède un attrait touristique considérable ; presque tous les passagers
sont intéressés par la visite de Longwood et de la Tombe. C'est une source de
revenus pour les habitants.
Un jour, je rencontrai un vieux Boer perdu lui aussi sur
cette île. Autrefois interné, ce brave homme semblait avoir oublié ces mauvais
jours. Il me rappela qu'après la guerre des Boers, plusieurs camps de ses
compatriotes déportés avaient été établis sur cette terre de captivité. Les
camps se transformèrent en cimetière, et il en restait le seul survivant.
L'île compte environ cinq douzaines d’Européens presque tous
fonctionnaires.
On y mène une vie de province caractéristique avec ses
potins et, parfois, ses petites intrigues. Veut-on téléphoner ? Il n'est pas nécessaire
de préciser le numéro de l'abonné ni de s'enquérir s'il est à son domicile. La
poste, bien renseignée – les allées et venues de chacun ne passant pas
inaperçues – sait parfaitement où se trouve M. X. ou Mme Y. et elle prend
l'initiative de les appeler où ils sont ! Voilà une organisation bien pratique.
Il n'y a pas de facteur à Sainte-Hélène. Si l'on veut son
courrier, il faut aller le retirer soi-même à la poste.
Pour son histoire légendaire, la beauté de ses paysages et
l'affabilité de ses habitants, j'ai vivement apprécié Sainte-Hélène.
J'ai souvent gravi les six cent quatre-vingt-dix-neuf
marches de l'échelle de Jacob qui conduit presque verticalement au vieux fort de
Ladder Hill, transformé en école, et où commence le domaine les cactus épineux
aux fruits écarlates.
J'aimais bavarder avec tous les gens, avec les nombreux
enfants à la mine éveillée. Souvent, garçons et filles venaient à la nage jusqu'au
cotre ; le pont et le gréement se garnissaient alors de ces jeunes visiteurs.
Les bateaux de Sainte-Hélène sont de modestes embarcations, pour
la plupart des baleinières, propulsées à l'aviron ; mais les insulaires sont
des « nageurs » de premier ordre et j'aimais les regarder manier
harmonieusement leurs longs avirons. Toute la côte abonde en beaux poissons et
la pêche, même pratiquée avec des moyens simples, y est fructueuse.
19 avril. - Une dernière fois, je déjeune à Longwood. M
Peugeot me reconduisit à l'embarcadère dans sa « Vauxhall » dernier modèle.
Des enfants, des hommes, aux visages devenus familiers me font
des gestes d'adieu. J'embarque à bord du cotre qui roule honnêtement, comme il
en a pris l'habitude depuis son arrivée sur cette rade ouverte.
L'appareillage est assez délicat à cause des nombreuses embarcations
qui m'entourent. Après avoir établi la voilure, je dois l'éviter, vent arrière.
À 16 h.10 j'appareille et pare de justesse le petit yacht à moteur
Yellowfin. Il s'en faut de peu que mon gui
ne lui arrache son joli petit mâtereau ...
La brise se fait au fur et à mesure que je m'éloigne de
terre et bientôt les dernières silhouettes des hommes ne sont plus perceptibles.