Comme chaque année, pour respecter les souhaits de tous, la Maison de Longwood et la Tombe de Napoléon sont ouverts gratuitement.
Venez nombreux !
Photographie prise le 4 mai 2023 en fin d'après-midi |
En 1815, lorsque Napoléon arriva à Sainte-Hélène, John Robinson, un pauvre métayer, louait des terres à la Compagnie des Indes, au fond de la Fisher’s Valley qui, s’étendant du versant sud-est de Diana’s Peak à Prosperous Plain, se trouvait à l’intérieur du périmètre autorisé à Napoléon.
La maison de Miss Robinson, 2023 |
Les militaires du second bataillon du 53e régiment
d’infanterie avaient établi leurs quartiers à Hutt’s Gate, près des terres louées
par le fermier. John Robinson était
confronté à des tracasseries quotidiennes. Les soldats coupaient des arbres,
gâchaient des meules de foin et cassaient les clôtures sans vergogne. Ne
disposant que de ces terres, John Robinson était au désespoir de ne pouvoir y
maintenir ses quelques têtes de bétail et y récolter son foin. Il fut
finalement contraint de vendre pour une bouchée de pain son bail à… William
Balcombe.
Le 4 janvier 1816, la fraîcheur d’une des deux filles de
John Robinson attira l’attention de Napoléon et du comte de Las Cases lors
d’une de leurs chevauchées dans la Fisher’s
Valley. Elle s’appelait Mary-Ann Robinson et était
âgée de seize ans. Après lui avoir donné quelques pièces d’or, l’Empereur la
baptisa séance tenant « La Nymphe
de Las Cases » et désigna la vallée où elle vivait
avec ses parents et sa sœur, « La vallée du silence ». Pour les autres Français et bientôt pour
l’île entière, Mary-Ann devint « La Nymphe
de la vallée ». À partir de ce moment, chaque fois que sa promenade l’y conduisait,
Napoléon prit l’habitude de s’arrêter devant le perron du pauvre cottage où
deux jeunes filles l’attendaient avec des bouquets de cannas et de fleurs de
gingembre. Après Betsy, Mary-Ann Robinson était devenue une célébrité locale.
Les voyageurs de passage, assoiffés d’anecdotes et souvent frustrés de n’avoir
pu apercevoir l’Empereur déchu, se rabattaient sur toutes les personnes ayant
pu le côtoyer… ou même l’ayant aperçu de loin.
La maison de Miss Robinson, 2023 |
La maison de Miss Robinson, 2023 |
Pendant un an et demi, Mary-Ann reçut de nombreux
hommages de la part de messieurs comme Gourgaud et Piontkowski, mais sans
qu’aucun ne lui propose le mariage tant désiré. Heureusement, le 5 juillet
1817, arriva sur l’île le premier bataillon du 66e régiment
d’infanterie. James Ives Edwards, le capitaine du Dorah qui avait convoyé le
bataillon depuis l’Inde la remarqua.
La maison de Miss Robinson, 2023 |
Le capitaine avait été généreusement rémunéré pour
l’acheminement des troupes. Le ministère de la Guerre lui avait accordé le
forfait considérable de £15.000 (± £1.000.000 de 2015) à la double condition
qu’il le décharge de tout le poids de l’organisation du voyage et qu’il en
assume les risques. Cette solution, certes coûteuse, évitait à Londres la
lourdeur et la lenteur d’une intervention administrative dans l’éventualité
d’une avarie. À cette somme s’ajoutaient bien entendu les indemnités
journalières pour la nourriture des passagers. Fort heureusement pour le
capitaine, le voyage se déroula sans encombre si ce n’est un incendie à bord
sans conséquence fâcheuse. Il put ainsi dégager un profit personnel de presque £14.000
(± 950.000 de 2015). Il était devenu un homme fortuné.
Son bateau devant repartir le 29 juillet 1817, il
s’empressa deux jours après son arrivée d’aller demander la main de Mary-Ann à
son père. John Robinson donna immédiatement son consentement. La loi exigeant
que les bans soient publiés au minimum dix jours avant la cérémonie, James Ives
Edward épousa Mary-Ann Robinson le 17 juillet 1817.
La maison de Miss Robinson, 2023 |
Quelques
jours plus tard, le 26 juillet, le couple fut reçu par Napoléon qui fit
remarquer la ressemblance du marié avec le prince Eugène. Il lui déclara :
- « Vous avez
fait le bonheur de votre femme, cela vaut mieux que d'avoir épousé une femme
riche ».
Il crut bon d’ajouter, après que le jeune couple eut
quitté Longwood House :
- « À Londres,
elle va être fort courue, ils voudront tous l'avoir dans leurs raouts ; il
suffira que l'on sache que je l'ai considérée ».
Mais, contrairement à Betsy Balcombe, Mary-Ann ne chercha
jamais à tirer avantage d’avoir été durant quelque temps la « Nymphe de la vallée ».
Le 29 juillet, devenue Madame Edwards, la Nymphe quitta l’île. Elle vécut sa vie de femme de capitaine au long cours sans se
bercer d’illusions, et sans chercher à se créer une légende en rédigeant ses
mémoires.
Cette semaine, en plus du photographe Marcelo Fortini, nous recevons deux groupes de Français : un de 21 personnes et un autre de 9.
Visiteurs français à la tombe de Napoléon le 2 mai 2022 |
Nous avons le plaisir et l’honneur d’accueillir Marcel Fortini, le directeur du Centre Méditerranéen de la Photographie | Cnap.
Ce matin, nous avons visités ensemble la partie est du plateau de Longwood. Je me suis permis de le prendre en photo avec mon téléphone... pure hérésie, je sais 😊
À SAINTE-HÉLÈNE par Henri Roorda
Au commencement du mois de juillet de l’année 1912, Alfred nous offrit généreusement, à Maxime et à moi, un voyage (aller et retour) à Sainte-Hélène. Nous commençâmes par protester : « Qu’irions-nous faire dans cette île lointaine ? Conduis-nous plutôt en Espagne. Ça te coûtera moins cher. »
Mais notre ami nous expliqua que son grand-père, décédé dans les parages immédiats de l’île, sur le paquebot qui le ramenait en Europe, avait été enterré là-bas.
— Il me laisse une centaine de mille francs. Mais une clause de son testament (un peu baroque) m’oblige à entretenir sa tombe. Je lui apporterai une couronne.
— Malheureux ! Tes fleurs seront fanées quand nous arriverons.
— Mais non ; je compte acheter des fleurs artificielles.
Il n’y avait plus à hésiter. Le 12 juillet, nous partîmes de Liverpool ; et, trois semaines plus tard, notre navire pénétrait dans le port de Jamestown. La traversée avait été excellente ; nous avions tout le temps joué au bridge, en buvant avec des pailles des boissons glacées.
En approchant de la petite ville, nous vîmes contre les murs du quai, écrits en lettres immenses, ces deux mots qui nous rappelèrent la patrie absente :
CHOCOLAT CAILLER
Toute personne civilisée qui débarque dans l’île de Sainte-Hélène songe avant tout à acheter des cartes postales illustrées et à les envoyer aux amis restés en Europe. C’est ce que nous fîmes. Alfred nous dit ensuite : « Nous allons porter la couronne au cimetière et nous entendre avec le jardinier. Après cela, nous pourrons reprendre notre bridge. »
La partie du cimetière de Jamestown qui est réservée aux étrangers morts sur les paquebots est très mal entretenue. Le gardien-jardinier-marbrier qui parents de ces défunts. Le fait est que nos questions mirent dans un visible embarras cet homme astucieux. Il ne reconnut pas sans hésiter la tombe du grand-père, laquelle, envahie par les orties, ressemblait étonnamment aux tombes voisines. Alfred lui dit alors avec sévérité : « Non ! je sens que ce n’est pas celle-là. » On lui en montra une seconde qui lui parut encore suspecte ; et il ne déposa sa couronne que sur la troisième. En partant, il donna cinq cents francs au gardien pour une pierre tombale ; il réclama un reçu et ajouta : « Je reviendrai dans six mois. »
Nous entrâmes, pour y faire notre bridge, dans le « Restaurant de l’Empereur », où nous commençâmes à déjeuner. Le repas fut si mauvais que notre humeur en fut tout assombrie. Mais, heureusement, le garçon qui nous servait nous demanda si nous allions repartir dans une heure. Nous apprîmes ainsi qu’un navire était en partance. Pour de la veine, c’était de la veine.
Maxime, qui n’avait encore rien dit, articula ces mots : « Nous ferons notre bridge quand nous serons à bord. » Et Alfred ajouta : « Filons ! » Nous filâmes.
Notre bateau venait à peine de se mettre en marche qu’Alfred s’écriait, avec l’accent du regret le plus profond : « Étourdis que nous sommes ! » Et il nous regarda avec un visage désolé.
— Qu’as-tu ?
— Nous avons oublié d’aller visiter la Maison…
— Quelle maison ?
— La maison de ce type…
— Quel type ?
— Mais vous devez le connaître : cette grande figure…
— Eh bien ! en voilà un renseignement !… Un type qui avait une grande figure !… Tu sais : si tu n’as rien de plus précis à nous dire…
— Je retrouverai son nom tout à l’heure. Il est connu. J’ai vu un jour un livre où l’on parlait de lui… Ah ! malheur ! J’avais promis à ma soeur de ramasser quelques pierres blanches, dans le jardin, comme souvenir…
Pendant toute la soirée, Alfred fut préoccupé ; il ne parvenait pas à retrouver le nom de son type.
Le lendemain, il y pensait encore. « Ma grand-mère, nous dit-il, aurait pu vous renseigner. Malheureusement, elle est morte. Elle possédait un verre dans lequel il avait bu. »
— Mon pauvre ami, c’est toi qui as bu. Nous allons faire un bridge ; ça te distraira.
Le moyen fut efficace. Alfred ne nous parla plus de cette maison qu’il aurait dû visiter à Sainte-Hélène ; et nous n’avons jamais pu savoir ce que cet animal voulait dire.
Cette semaine marque la reprise des voyages en petits groupes organisés par Voyage Sainte-Hélène, Randonnée Sainte-Hélène avec Nomade Aventure (nomade-aventure.com)
Que du bonheur !!!
Pour ce retour à la normale, après trois ans d'interruption en raison de la Covid, une équipe de France2 pour l'émission 13h15, le dimanche.. accompagne les premiers participants sur l'île.
Le 9 juin à 18h00 : Conférence sur Sainte-Hélène par Michel Dancoisne-Martineau, conservateur des domaines nationaux.
L’évènement en lui-même n’est
pas encore mis sur le site, cela ne saurait tarder, mais vous pouvez retrouver
les informations sur le livret de programmation culturel dont voici le
lien :
https://musees-nationaux-malmaison.fr/chateau-malmaison/sites/malmaison/files/documents/progV1.pdf