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jeudi 8 septembre 2022

Mort de la reine Elizabeth II

Ce soir, le 8 septembre, Buckingham Palace a sobrement annoncé :

"La reine est décédée paisiblement à Balmoral cet après-midi".
Les domaines nationaux à Sainte-Hélène qui se souviennent avec émotion de la visite de la reine ici, il y a maintenant 75 ans (à droite sur la photographie), en tant que jeune princesse, aux côtés de son père, le roi George VI ont mis son drapeau en berne.








mardi 23 août 2022

La bibliothèque de l’Empereur à Sainte-Hélène, résurrection d’un lieu mythique #03

Avec les dons et les achats d'immortelles disposées sur la tombe de Napoléon en 2021 par l'entremise de la St Helena Napoleonic Heritage et au dévouement d'Éric Barthe, nous avons pu entreprendre la fabrication sur mesure d'une réplique d'un des trois larges corps de bibliothèque de Napoléon à Sainte-Hélène.



La fabrication de ce vaste meuble a été confiée à Cristen Yon, un ébéniste de Sainte-Hélène et un restaurateur familier des styles anglais à qui nous avions déjà confié les restaurations de meubles anciens de la Maison de Longwood entre 2014 et 2016.  



vendredi 24 juin 2022

 

La Vallée de la Tombe


La Vallée de la Tombe fut le lieu de la première inhumation de Napoléon de 1821 à 1840. Sa dépouille fut rapatriée en France, à la demande de Louis-Philippe, pour être inhumé aux Invalides.

Lieu de l’inhumation de Napoléon de 1821 à 1840

La vallée de la Tombe fut le lieu de la première inhumation de Napoléon de 1821 à 1840. Sa dépouille fut rapatriée en France, à la demande de Louis-Philippe, pour être inhumé aux Invalides.

Etendue sur une superficie de 14 hectares et nommée « vallée du Géranium » par Napoléon, son nom est devenu « la vallée de la Tombe », parfois appelée dans certaines sources anciennes "vallée du Tombeau".

Napoléon avait exprimé le souhait que, si son corps ne pouvait pas être ramené en France, il soit enterré près d’une source à laquelle était puisée l’eau qui était apportée à Longwood. La tombe, entourée d’une grille en fonte, était recouverte de trois dalles tumulaires. Jusqu’en 1840, douze soldats anglais se relayaient pour surveiller la tombe dans une guérite aménagée à cet effet.

Les Français voulaient faire graver sur la dalle « Napoléon », mais Hudson Lowe, le gouverneur de l’île, exigea qu’il fût inscrit « Napoléon Bonaparte ». Ce différend aboutit à ce que la dalle restât nue, et elle l’est encore aujourd’hui.

Les douze cyprès autour de la tombe

En 1830, au moment de la chute de Charles X, l’épouse du gouverneur de l’île, Lady Dallas, francophile et libérale, fit planter en symbole de l’amitié franco-britannique autour de la tombe de Napoléon douze cyprès en l’honneur des douze premiers maréchaux d’Empire.

Seul un de ces cyprès est encore présent. Tous les autres arbre commémoratifs, y compris les deux oliviers, planté l’un par le prince de Galles, le futur Édouard Vlll, en 1925, et l’autre par le prince Philip, duc d’Édimbourg, en 1957.

 

Longwood House


Longwood House fut la dernière demeure de Napoléon. Il y séjourna du 10 décembre 1815 à sa mort, le 5 mai 1821. Située sur le plateau de Longwood, le site, isolé et difficilement accessible, se prêtait à devenir une prison.

Ancienne résidence d’été
Des conditions d’accès difficiles
Un intérieur préservé

La maison était l’ancienne résidence d’été du lieutenant-gouverneur Skelton. Rénovée et agrandie grâce aux charpentiers du Northumberland et aux soldats de la garnison, elle est constituée de bâtiments disparates reliés entre eux. A l’arrivée de Napoléon, elle était équipée sommairement de tapis et de meubles achetés sur l’île. Le jardin, quant à lui, était inhospitalier.

Les valets, Marchand et Ali, et l’intendant, Cipriani, parvinrent à améliorer quelque peu le confort intérieur. Le gouvernement britannique expédia également du mobilier supplémentaire depuis la Grande-Bretagne. Napoléon dessina lui-même les jardins, dans un aménagement que l’on peut encore aujourd’hui observer.

Pour accéder à Longwood, les visiteurs devaient être munis d’un laissez-passer du gouverneur et d’une notification d’audience du Grand Maréchal, le général Bertrand. Le comte Montholon ou le général Gourgaud, en uniforme, les recevait dans la véranda et les introduisait dans la salle du billard, qui faisait office d’antichambre. Celle-ci, la plus vaste pièce de la maison, était la plus adaptée pour l’exercice. Napoléon y dictait parfois tout en marchant de long en large, les mains derrière le dos. Pour observer les sentinelles et les allées et venues des Britanniques, Napoléon avait ménagé deux trous dans les persiennes à l’aide de son couteau.

Longwood House se compose notamment d’une véranda, d’un salon comprenant un billard, d’une salle à manger, d’un salon, d’une bibliothèque, d’une salle de bains et de deux chambres.

Aujourd’hui, toutes les pièces des appartements de Napoléon à Longwood House, abritant les collections des Domaines, peuvent être visitées.

 

Le pavillon des Briars

Le pavillon des Briars fut le tout premier lieu de résidence de Napoléon à Sainte-Hélène. Il y séjourna pendant quelques semaines d’octobre à décembre 1815 avant d’être transféré à Longwood House.

Un domaine qui connut plusieurs propriétaires

En 1815, le domaine des Briars appartenait à la famille Balcombe. William Balcombe était employé de la Compagnie des Indes orientales et ravitailleur de la Royal Navy. En charge de l’approvisionnement des bateaux de passage, et ayant établi de bonnes relations avec son hôte pendant son séjour au pavillon, il devint le fournisseur de Longwood jusqu’à son départ de l’île en 1818. Il sut ainsi fournir un grand nombre de services aux exilés français.

De 1816 à 1821, le pavillon servit de lieu de résidence aux amiraux de la flotte chargés de la surveillance. Par la suite, William Balcombe vendit la propriété qui changea de main plusieurs fois jusqu’en 1959 où Mabel Brookes,son arrière-petite-nièce, acheta ce qui restait de la maison de famille pour en faire don à la France .

En 1880, l’ancienne impératrice Eugénie, veuve de Napoléon III, fit halte à Sainte-Hélène. Elle rentrait d’un voyage en Afrique du Sud durant lequel elle s’était rendue sur les lieux où son fils avait trouvé la mort. Elle séjourna au pavillon des Briars avant d’aller visiter Longwood et le tombeau.

Le pavillon est aujourd’hui protégé grâce à l’achat en 2008 du terrain adjacent, par le directeur des Domaines, Michel Dancoisne-Martineau, qui en fit aussitôt don à la France ; ce terrain est aujourd’hui intégré aux Domaines nationaux.

La restauration du pavillon

La maison principale, demeure des Balcombe, entièrement détruite par les termites, a aujourd’hui disparu. Le pavillon a fait l’objet d’une reconstruction intégrale et a aujourd’hui retrouvé l’aspect qu’il avait en 1821.

En 1815, lorsque Napoléon y séjourna, cet édifice ne comprenait qu’une pièce et un grenier. Une aile et des dépendances, qui existent encore aujourd’hui, furent ajoutées au pavillon quand les amiraux anglais en firent leur résidence, de 1816 à 1821.

Parmi les meubles, on comptait : un lit de camp (placé à droite de l’entrée), une table, une commode, un canapé, un fauteuil et plusieurs chaises. Las Cases et son fils dormaient dans le grenier, les domestiques sur des toiles de hamac étendus devant les portes. Une tente, installée sur la pelouse, servait de bureau le jour et de chambre à coucher pour le général Gourgaud la nuit.

Pour des raisons de conservation préventive, les meubles d’origine sont conservés dans l'appartement de Montholon à Longwood. 





Les domaines nationaux à Sainte-Hélène

 Les domaines napoléoniens de l’île de Sainte-Hélène sont des propriétés françaises depuis 1857, administrées et entretenues par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères depuis 1858.

Les trois domaines français de l’île sont :

  •  La maison de Longwood, principal lieu de résidence de Napoléon, de décembre 1815 à mai 1821 ;
  •  La vallée de la Tombe, où Napoléon fut inhumé de 1821 à 1840 ;
  •  Le pavillon des Briars, premier lieu de résidence de Napoléon d’octobre à décembre 1815.



mardi 7 juin 2022

La bibliothèque de l’Empereur à Sainte-Hélène, résurrection d’un lieu mythique #01

 Le Projet 

Aucun des mémorialistes de Sainte Hélène – pas même l’intéressé en charge de la bibliothèque, Saint-Denis [dit Ali] – ne nous a laissé une description de la pièce de la Maison de Longwood qui se trouvait au centre de cette « fabrique historique[1] » qu’était devenue cette prison sise au milieu de l’atlantique sud.



Contre toute attente, en 2019, M Jacques Jourquin qui travaille actuellement sur les papiers manuscrits de Louis-Étienne Saint-Denis dit « Ali » a retrouvé sur un morceau une note manuscrite du bibliothécaire de Napoléon sur l’île une description détaillée de cette pièce. 



En voici le texte[1] :

 « La bibliothèque était une pièce faisant suite à la salle à manger dont elle n'était séparée que par une cloison. C'était l'aile est du bâtiment de Longwood. Dans les premiers temps de notre installation cette pièce avait été habitée par le ménage de M. de Montholon.

Il y avait quatre ouvertures, une porte qui y donnait entrée – était éclairée par trois fenêtres, lesquelles donnaient sur le bosquet. La porte était sur le côté de la cloison, peu éloignée de l'angle de gauche. Au côté perpendiculaire, sont les fenêtres. La pièce a 15 à 16 pieds de long sur 13 à 14 de large. Entre les fenêtres sont deux petits meubles hauts de 5 pieds environ et larges de deux pieds, ayant 1 pied et demi de profondeur, composés de deux parties, l'une supérieure qui formait armoire, l'autre inférieure était à tiroirs. Sur chaque côté, deux petites colonnettes en bois noir, les deux meubles en plaquage d'un bois brun veiné.

Le côté du mur opposé aux fenêtres était garni de deux corps de bibliothèques en acajou, les deux extrémités de la partie supérieure de chaque corps étaient plus en saillie que le milieu. Les rayons étaient fermés par des vantaux garnis de treillis en fil de cuivre, un pour chaque extrémité et deux pour le milieu. La partie inférieure de chaque corps avait 4 armoires à portes pleines. Une tablette en marbre noir courait sur cette partie et avait 7 à 8 pouces dans le milieu et était (deux mots indéchiffrables) dans Je reste. Ces corps qui étaient couronnés d'une petite corniche avaient pour ornement des baguettes de bois noir.

Deux autres corps semblables à ceux ci-dessus existaient aux deux autres côtés. Celui qui était du côté de la porte était moins grand long que celui qui était du côté opposé. Il fut fait à Sainte-Hélène par des soldats menuisiers. Les autres avaient été apportés d'Angleterre.

Les parties inférieures étaient pour les in-folio et les in-quartos, les parties supérieures contenaient les in-douze et les in-8.

En face de la porte et près de la 3ème fenêtre était une petite table, avec un pupitre ayant le jour à gauche. C'est là que j'écrivais. Dans le milieu de la pièce était une grande table quarrée en acajou ordinaire à pieds tournés. Cette table était couverte d'une étoffe blanche (les deux derniers mots rayés et remplacés en marge par « une toile peinte à petits dessins deux mots indéchiffrables ») et destinée pour les cartes. Deux chaises en bois noir et un fauteuil à dossier rond étaient les seuls sièges qui existassent dans cette pièce. Une chaise était couverte d'une forte étoffe de soie bleu-ciel. Le fauteuil était placé en arrière de la table et avait en face les fenêtres. L'Empereur s'y asseyait quelquefois.

Les murs de la bibliothèque sont couverts d'un papier fond gris à petits dessins bleus. »


[1] Description de la pièce-bibliothèque de Longwood. Manuscrit autographe (brouillon). Feuillet 13,5 x 21, recto-verso. Papiers Saint-Denis (fonds Jacques Jourquin) :

 




Travaux proposés

Pour la restituer, il nous faudrait pouvoir :

1-     Faire faire par une ébéniste des répliques des trois corps de bibliothèque en acajou qui furent fabriqués durant les années d’exil à Sainte-Hélène par des soldats menuisiers avec tablette en marbre noir. [Une réplique d’entre-elles existe déjà et est présentée actuellement à Longwood House mais sans son marbre.]

2-     Refaire imprimer en France un papier peint à petits dessins bleus sur fond gris identique à celui qui recouvre déjà aujourd’hui la salle de bain de l’Empereur.

3-     Restaurer les deux bibliothèques « apportées d'Angleterre ». [Présentées actuellement à Plantation House pour l’exposition Sir Hudson Lowe car elles furent emportées par le Gouverneur[1]]

4-     Replacer dans le milieu de la pièce la « grande table quarrée en acajou ordinaire à pieds tournés. Cette table était couverte d'une étoffe blanche. [Ali]», le pupitre,  les deux chaises en bois noir et un fauteuil à dossier rond couverte d'une forte étoffe de soie bleu. 

5-     Refaire la porte donnant sur les jardins en y ajoutant des fenêtres (comme pour la salle-à-manger de Napoléon.  – Ali mentionne que cette porte actuelle était alors troisième fenêtre.

6-     Refaire les rideaux conformes à ceux des autres pièces.



[1] Collection du Napoleonmuseum Thurgau Schloss und Park Arenenberg





[1] L’expression est de Thierry Lentz